Ragnar Ferguson est mort. C'est une bien triste nouvelle que voici. Qui était-ce ? Rien de plus qu'une vieille connaissance de Maximilian et Louise. Un fantôme du passé oublié, mais fortement apprécié. Assis au premier rang de la toute petite chapelle, vos places sont à deux pas du cercueil fermé et vos coeurs sont lourds, tout comme celui de votre voisin, Adel. S'il est présent aujourd'hui pour ce jour funeste, c'est bien à cause de son petit frère qui souhaitait rendre un dernier hommage à son professeur de littérature. Le temps vous semble s’étirer de plus en plus, et alors que le prêtre allume deux cierges en l'honneur du défunt, un rire étouffé vous parvient aux oreilles. L'homme de foi fait mine d'ignorer, mais bientôt, c'est un autre rire qui retentit. Il vient de derrière la porte qui mène à la sacristie.

Le jeu dure bien quelques minutes avant que, furieux, le prêtre n'interrompe la cérémonie pour ouvrir grand la porte camouflée d'un long rideaux rouge et dévoiler deux nouvelles personnes, @James Mörkson et @Lena A. Kovacs, visiblement bien occupés à descendre le vin de messe. Ce qu'ils font là ? Alors là, c'est un concours de circonstance un peu hasardeux, à base de "mais si, c'est par là la soirée" et de "cap ou pas cap ?" un peu foireux. Le visage du prêtre vire au rouge pivoine, alors que des murmures outrés s'élèvent de la foule. Peu heureux de devoir couper court à son discours, le prêtre fait preuve d'un peu de violence en attrapant les deux coupables par le col et en les tirant à travers l'allée centrale, passant tout proche de @Louise L. Freyrdottir, @Maximilian Filipson et @Adel Sendelson. C'est à cet instant précis que la première secousse vient ravir la modeste chapelle. La peur prend corps de l'assemblée, encore plus lorsque l'un des cierges vacille et se brise sur le cercueil. Le feu ne tardera malheureusement pas à prendre, si vous ne faites rien.

Alors ? Allez vous vous mettre à l'abris ?

Ce sujet d'évent vous est servi par @Hel Njörddóttir, à votre service ! Attendez-vous à quelques passages du Huldu en cours de jeu, n'hésitez pas à y aller à fond Il n'y a pas d'ordre défini, pas de règles, amusez vous bien ! Pour information, le minimum de 300 mots du forum ne tient pas dans l'évent, n'hésitez pas à faire court

C’était une idée formidable, pourtant, ce pari. Ce n’est tout de même pas de votre faute si un enterrement avait lieu en même temps. Et puis ce n’est pas comme s’il était bon, ce pinard, de toute façon. C’est sans doute l’une des pires choses que tu n’as jamais bu. Mais un pari est un pari, et il faut gagner. Alors même quand le rideau s’ouvre sur un prêtre cramoisi, tu gardes le goulot de la bouteille dans ta bouche et tu ne quittes pas Lena des yeux. C’est toi le roi, ici. Un roi qui se fait désormais traîner dans l’allée par le col, mais un roi quand même. « On dirait le début d’un très mauvais porno, monsieur l’abbé. Oh salut Adel ! » Ta voix résonne bien trop dans cette église, mais elle se tait tout aussi violemment alors que tu sens le sol sous tes pieds devenir moins stable.

C’est un petit rire, qui t’échappe, d’abord. Ce n’est qu’un tremblement de terre. Plus violent que la majorité de ceux que tu as vécu, certes, mais ça n’a pas vraiment d’importance. Tu n’as jamais eu d’instinct de survie, de toute façon. Mais il s’arrête bien vite, ce petit rire, aussi. Parce que les cierges sont tombés, et que les flammes touchent le bois trop sec. Parce que tu as assez joué avec le feu pour savoir que le cercueil ne tiendra pas longtemps. Alors tu gigotes pour te libérer des bras du prêtre immobilisé par la peur, et tu te dépêches d’atteindre le premier rang pour te tenir à côté du feu. Pour l’éteindre avec l’eau bénite à tes côtés ? Non. Pour souffler sur les braises et les aider à se répandre. Parce que mettre le feu à une église, ou à n’importe quoi, d’ailleurs, a toujours été affreusement amusant.

Te voilà, assis au premier rang de l’église, pour assister à l’enterrement d’une ancienne connaissance, Ragnar Ferguson. Pourtant ton esprit est loin d’ici, de retour quinze ans auparavant alors que tu foulais les pavés de ce sol pour honorer la mémoire de ta soeur. Tu ne sais même pas pourquoi tu as accepté de venir aujourd'hui, tu sais pertinemment que tu n’as pas oublié la mort de ta soeur et la peine qui te hante même aujourd’hui. Elle est partie bien trop tôt, laissant un vide qui ne sera jamais comblé. Alors perdu dans tes pensées tu ne fais même pas attention aux deux idiots qui n’ont aucun respect pour les gens endeuillés. Même quand le prêtre les attrape pour les raccompagner vers la sortie par la manière forte, tu ne relèves pas le regard pour les foudroyer comme le reste de l’assistance. Ce n’est que lorsque la terre tremble que tu reviens dans l’instant présent, mettant encore quelques secondes avant de capter l’ampleur de la situation.

Les tremblements sont courant en Islande mais vu celui-ci est plus violent, risquant de faire des blessés si vous ne gérez pas vite la situation pour mettre les personnes les plus fragiles à l’abri. Tu penses aux enfants et aux personnes âgés. Pourtant tu te tournes en premier vers Louise à tes côtés, pour voir comment elle se porte, avant de capter la course de l’intrus vers le cercueil. Et c’est là que tu vois enfin que la situation est bien pire que tu ne le pensais. Tu entends même un cri dans ton dos mais tu l’ignores, tu sais si bien le faire sur scène alors tu te sers de ton expérience pour garder ton sang froid et te lever malgré la terre qui tremble sous tes pieds. « Hey ! » Cries-tu en attrapant le jeune homme par le col pour le tirer en arrière. Tu as compris qu’il n’était pas là pour vous aider mais pour empirer la situation alors tu préfères le maîtriser, espérant que quelqu’un de plus censé viendrait t’aider avec le feu.

Il connaissait ce ricanement. Suffisamment pour imaginer la suite... Et avoir la certitude qu'elle n'aurait rien d'aussi hilarant que ce qui se passait derrière la porte de la sacristie. Bien que la journée n'avait rien de réellement intéressant, rien qui méritât qu'Adel s'y investisse, il tenait assez à son frère pour jouer le jeu. L'accompagner à l'enterrement de son professeur de littérature ne faisait sans aucun doute pas partie des prédispositions d'un grand frère, mais il avait accepté, par amour et pour soutenir celui qu'il savait être bien plus sensible qu'il n'y laissait toujours paraître.

S'il avait su ce qui allait arriver ce jour là, il se serait peut-être abstenu, ou peut-être qu'il aurait été moins récalcitrant.

Son costume le serrait un peu, et il n'avait jamais été un grand fan d'églises. Dans d'autres circonstances, il aurait probablement été à la place de cette blonde (@James Mörkson) que le prêtre tenait par le col... à côté d'une jolie demoiselle (@Lena A. Kovacs) qui avait des airs de famille avec un spécimen masculin qu'Adel avait en horreur. Il ne put réprimer une grimace où se lisait le désespoir - blasé, habitué et loin d'être surprenant - de trouver James ici, à siroter le sang du Christ pendant un enterrement... L'apostrophe de son ami à son égard lui donna autant envie de s'enterrer (ou de l'enterrer lui) à son tour que de retenir un rire. Ce type méritait des baffes, c'était une vérité générale depuis sa naissance.

Seulement les frasques d'un fils à papa allaient vite être reléguées au second plan par l'intervention de Mère Nature - ou Dieu, vexé qu'on se moque de lui, sans doute.
La secousses surpris Adel autant qu'elle l'inquiéta. Il avait l'habitude d'être un peu baladé sur son île, comme tous les natifs... Mais la violence du tremblement qui venait d'advenir n'avait rien de 'commun'. Le danger immédiat demeurait cependant dans le contrôle du feu qui risquait de prendre, cierges à terre, et du pyromane bourré sans cervelle qui s'en approchait. Dieu sois béni, il fut récupéré au vol par un adulte conscient du danger, et Adel intima à son frère de rester où il était sans paniquer, le temps qu'il allait gérer la situation.

Le regard qu'il jeta à James était à un tiers fier, deux-tiers énervé. « T'es vraiment qu'un abruti irrespectueux et pourri gâté James Mörkson. » Il se tourna vers le chevalier sauveur (@Maximilian Filipson) dont le visage lui était inconnu. « Surveillez-le, il est capable de vous faire un croche-pied pour se venger. » Le regard attiré par les flammes qui avaient commencé à grandir, Adel s'approcha de l'autel et tira violemment sur la tenture qui faisait office de nappe. Tout ce qui s'y trouvait encore vola dans un bruit fracassant, mais il l'ignora pour tenter d'étouffer le feu. Le temps passant, il s'interrogeait de plus en plus sur la pire manière de mourir : brûlé vif, étouffé ou écrasé par une croix en or massif ?

La première secousse a duré environ deux minutes et est passée, mais ce n'est que le début. Un tremblement ne suffira pas à calmer le Huldufolk, pas cette fois en tout cas. D'ailleurs, alors que les gens s'agitent, ceux collés à leurs téléphones qui prennent des nouvelles de leurs proches se rendent vite compte que le réseau commence à sauter. Les appels sont peu à peu coupés, et très vite, même les messages ne trouvent plus leurs destinataires. Toute forme de communication devient impossible. Vous êtes désormais seuls, et vos proches également.

Il y a un homme qui te tire en arrière, d’abord. Un très bel homme, d’ailleurs, et tu prends quelques secondes à papillonner des paupières avant de réaliser que le goût du jour est de t’attraper par le col et de faire la moue. Peut être qu’un jour, tu devrais développer au moins deux ou trois muscles pour pouvoir éviter ce genre de situations. Ou peut être que tu peux aussi bêtement espérer qu’Adel te sauve, alors qu’il s’approche de vous. Malheureusement, il n’aide qu’à agrandir un peu ta moue. « Merci chéri. » C’est toujours amusé. Parce que c’est Adel, après tout, et que toute situation est encore plus amusante avec lui dans le coin. Même un tremblement de terre. Surtout alors que Lena se met à te défendre et qu’un rire quitte ta gorge.

Mais pendant que les deux femmes – très jolies aussi, décidément tu avais dû squatter l’enterrement d’un top model – semblent décidées à se battre avec l’extincteur et gâcher ton joli travail et qu’Adel secoue une nappe dans le vent, la secousse te fait reculer de quelques pas et rentrer dans l’homme qui tient ton col, et il ne te faut pas longtemps pour t’écraser sur lui de tout ton poids et vous faire chuter au sol. « Oups. » Le monde tremble, autour de vous. Mais toi, tu es avachi sur lui, et en tournant ton visage vers le sien, tout ce que tu trouves à faire est un grand sourire. « Bonjour. Je m’appelle James. » Ce n’est clairement pas le bon moment. Tout le monde est en train de paniquer, et vous devriez vous mettre à l’abri avant que les peintures accrochées aux murs de l’église ne s’écrasent sur vos têtes. Ou pire, les croix. « Toutes mes condoléances. Au moins il a un feu de joie, et trois magnifiques personnes qui essayent de le sauver. C’est franchement pas dégueu pour un cadavre, nous on va mourir sans tout ça. Je pense que c’est le moment de partager un dernier baiser, du coup. » Tout le monde panique, mais tu n’arrives pas à saisir pourquoi, apparemment. Tant pis pour le feu dans l’église, un nouveau but s’offre à toi.

Tout se passe très vite, bien trop vite pour suivre le joyeux bordel autour du feu. Tu captes juste que l’inconnu, qui vient donner un coup de main avec le feu qui se propage rapidement, connaît le jeune homme que tu retiens pour l’empêcher d’aller empirer la situation. James Mörkson. Une chance que ce grand gaillard ne soit pas une montagne de muscles, tu n’as pas vraiment de mal à le maîtriser. Tu peux remercier tes heures d’entraînement, celles que tu t’es infligé tout seul dans l’espoir d’atteindre le sommet. Mais pendant que les demoiselles s’occupent de l’extincteur qui manque d’aller se plaquer sous un banc, ce que vous devriez probablement faire pour vous protéger des éléments du décor qui risqueraient de vous faire mal, ou pire de vous tuer, tu te sens soudainement partir en arrière lorsque ton prisonnier te tombe dessus. Il a perdu l’équilibre, t’entraînant avec lui dans sa chute, et s’il est bien content de t’utiliser comme amortisseur, c’est loin d’être aussi idyllique pour toi. Ton dos rencontre le sol pavé de l’église, te faisant grimacer sous le choc. Tu t’estimes juste chanceux de ne pas avoir utilisé ton poignet blessé pour amortir ta chute par réflexe, sinon tu aurais eu une bonne raison de ne pas retourner travailler.

Alors que tu reprends tes esprits, essayant de réfléchir un peu au bordel en cours, tu es scotché par le sourire de l’homme avachi sur toi qui te salue l’air de rien. Tu n’en reviens pas de son insouciance. Comment fait-il pour ne pas paniquer avec un feu et un tremblement de terre en même temps ? Ok, il a l’air d’avoir bu mais quelque chose te pousse à croire que ce type n’est pas le genre à avoir peur comme ça. « Les présentations attendront. » Et le pire c’est qu’il te propose d’échanger un dernier baiser avant de mourir. Non. Juste non. Tu refuses d’en arriver là, tu comptes bien t’en sortir vivant d’ici, surtout que tu n’as pas encore eu le temps d’aller déclarer ta flamme à la belle Carmen. Au moins cette situation t’aura fait prendre conscience à quel point la vie peut être courte et que tu ne comptes pas partir avec un tel regret sur le coeur. Alors sans attendre, tu pivotes, faisant basculer James avec toi pour le plaquer au sol et te retrouver juste au-dessus de lui. Tu le bloques, jetant un coup d’oeil en arrière. « Vous vous en sortez avec le feu ? » Tu aimerais les aider un peu plus, mais tu sais que ce n’est pas raisonnable de lâcher cet homme qui semble prêt à tout pour s’amuser dans cette situation cauchemardesque.

La situation aurait pu être pire. Les secousses allaient revenir avec certitude, mais tant que James restait éloigné des flammes qui menaçaient de les envoyer brûler en enfer, c'était gérable. Visiblement, les femmes du groupe étaient celles leur bouée de sauvetage en cet instant. Malgré les reproches de la troisième blonde du lot - décidément, c'était un complot ou quoi ? -, Adel devait reconnaître qu'elle s'investissait pour essayer de sauver les meubles, enfin le cercueil. Pas que le mort lui importe tellement - quoiqu'il aimerait autant que son frère évite de voir ça - mais si on pouvait éviter de faire flamber l'église, c'était toujours ça !

La compagne de James avait visiblement retrouvé sa lucidité, contrairement à cet abruti, et décidé que les événements en cours méritaient son investissement sérieux. Elle lui avait râlé dessus elle aussi, et Adel aurait sans doute répliqué à toutes ses attaques s'il n'avait pas été si préoccupé. Pendant que les deux femmes tentaient d'ouvrir l'extincteur, il cherchait son frère des yeux. Lorsqu'il le repéra, il se précipita à son côté et saisit son visage entre ses mains. Ce dernier se retenait de pleurer, et il agitait son portable avec désespoir en se plaignant qu'il n'était parvenu à joindre personne : le réseau avait sauté. Adel jura entre ses dents. Depuis le début de cette catastrophe, il avait tout fait pour chasser de son esprit les gens auxquels il tenait, mais plus le temps passait, et plus il s'inquiétait. Alex, Sigur, Sören, Askja, Gregor, Lukas, Verde, Solveig... où étaient-ils ? Étaient-ils en sécurité ? Blessés ? Il ferma les yeux et pris sur lui pour rassurer son frère. Il lui promit qu'ils sortiraient tous d'ici vivants, et jeta un œil à la porte de l'église avant de se tourner vers le groupe près de l'autel et de parler plus fort pour qu'ils entendent tous.  « Faut qu'on se barre d'ici, et vite. Si les secousses reprennent, ça pourrait s'effondrer sur nous. » Il avait le pressentiment qu'ils n'étaient qu'au début d'un long voyage sur le Styx, et que leur barque avait déjà commencé à prendre l'eau.

Une colère sourde le gagna en voyant James affalé sur le type qui l'avait retenu de tous les tuer. Ce dernier inversa les rôles, et Adel se précipita vers eux pour s'accroupir et choper l'emmerdeur par les cheveux, bien qu'il soit déjà maintenu par l'inconnu.  « James putain, tu te rends compte de la merde dans laquelle on est ? Tout le monde essaye d'aider sauf toi, alors arrête tes conneries, range ta queue et bouge toi putain de bordel ! Tu veux crever ici ? Je te croyais plus intelligent. » Adel était le premier à suivre les bêtises de James en temps normal, mais cette fois, c'était différent. Cette fois, il sentait que c'était grave. Et s'il lui fallait en arriver à gifler son ami pour lui remettre les idées en place, il n'hésiterait pas.
Dans un geste de désespoir, il vérifia son téléphone. L'écran n'indiquait aucun réseau et aucun message. Adel jura, refoulant son angoisse, et il se redressa pour se diriger vers les jeunes femmes, qui semblaient se débattre avec l'extincteur. « Filez-moi ça, qu'on en finisse. » Il le tira des mains de celle qui accompagnait James, et appuya sur la pompe pour rependre la solution mousseuse sur le bois que les flammes avaient commencé à lécher. Une fois que tout eut disparu, il poussa un soupir de soulagement. « On sort d'ici. Maintenant ! »

Tu t’amusais bien, pourtant. La surprise du bel homme te faisait rire, et quand il a inversé les rôles pour te bloquer, tu n’as réussi qu’à lui lancer un regard entendu en te satisfaisant de la panique qui t’entourait. Personne n’a jamais prétendu que tu étais quelqu’un de sensé, de toute façon. Pas même Adel, qui s’approche de toi bien trop vite et s’empare de tes cheveux, faisant immédiatement disparaître ton sourire pour laisser sur tes lèvres une simple moue outrée qui n’est qu’à moitié jouée. Pas. Les. Cheveux. « Vraiment ? Ca me flatte, mais c’est tout de même assez ironique, tu crois pas ? » C’est un regard provocateur, que tu lui lances, alors que ses mots résonnent dans ta tête une dernière fois. Une église en flammes ou une maison en flammes, même chose, après tout, et il le sait très bien. Et tu n’hésites pas à lui rappeler pour qu’il lâche tes cheveux, chose qu’il fait dans tous les cas, parce qu’il y a plus important aujourd’hui que ton petit confort, mais que tu décides de prendre comme une victoire personnelle tout de même.

Mais tu n’as pas vraiment le temps de te satisfaire de cette victoire, parce que tu relèves les yeux vers le plafond, toujours bloqué au sol, et que tu es sans doute un des premiers à voir le lustre se balancer au dessus de vos têtes. Un « Oups. » murmuré t’échappes alors que le reste du monde commence à hurler en le voyant, et ton seul réflexe est d’utiliser l’adrénaline qui rugit dans tes veines à cause du danger pour forcer sur la prise maintenue par Maximilian et inverser les rôles une dernière fois en l’envoyant sous toi. Peut être que tu as voulu le protéger en lui servant de bouclier. Peut être que ton cerveau a calculé que ce serait moins dangereux d’être touché au dos qu’au visage. Peut être, peut être. Tu n’as pas vraiment l’impression d’avoir réfléchi, toi, en agissant. Toujours est-il que le lustre n’attend pas, et s’écrase sur toi sans demander son reste. Échec critique.

Un couinement strident retentit dans tes oreilles en même temps que la douleur fait fuir les dernières traces d’alcool de ton sang, et il te semble pendant quelques minutes que tu es peut être mort bêtement, écrasé par un lustre, dans une église, et que tu n’avais vraiment pas vu quelque chose comme ça venir. Mais la voix de Lena trouve un écho dans l’église, et tu déglutis un peu en essayant de te redresser. Peine perdue, puisque tu es bloqué par le lustre au dessus de toi, et qu’il te semble bien qu’il n’a pas trouvé mieux que de s’écraser sur ta jambe. Tant, pis, alors. « Lena ? » C’est un murmure, sans doute pour lui signaler que tu es en vie, alors que l’inquiétude dans sa voix fait battre ton cœur plus vite et que tu essayes de calculer les dégâts. Tu saignes, sans doute, mais ça n’a pas l’air d’être grave. Tu n’as pas trop de mal à respirer. Ton corps te fait affreusement mal, mais il fallait s’y attendre. Au moins tu le sens. Au moins tu n’es pas mort. Tu aurais dû l’être. Tous ceux qui se trouvaient sous ce lustre auraient dû l’être. Tous … « Adel ? Adel ! » Elle est plus forte, ta voix, déjà, et tu gigotes comme un idiot dans l’espoir de te libérer du lustre, ou au moins de voir ce qui se déroule autour de toi, sans grand succès. Adel était là. Adel s’est approché parce que tu faisais l’idiot. Adel et l’autre homme qui te bloquait. Ils sont peut être blessés. Ils sont peut être morts. Et c’est de ta faute, cette fois.

Un cri. Le silence. Puis l’agitation brusque de ton prisonnier. Tout s’est passé si vite que tu n’as pas vraiment eu le temps de comprendre qu’il tentait désespérément de fuir le lustre qui était en train de vous tomber dessus. Tu as juste essayé de tenir ta prise avant de te faire pousser sur le côté, tombant lourdement sur le sol aux côtés du blond qui s’est redressé. Il t’a eu par surprise, te sauvant finalement sans le vouloir. Pourtant tu sens ta vision se brouiller une fraction de seconde avant de sentir un liquide chaud couler le long de ton bras. Une des excroissances du lustre s’est enfoncé dans ton bras droit, l’entaillant sur le côté. La douleur est là alors que tu tires ton bras pour le décrocher de ce morceau de fonte qui aurait très bien pu te perforer la gorge si tu avais été un peu plus à gauche, ça c’est joué à quelques centimètres près. Et tu dois ça à ce fameux James qui voulait t’embrasser quelques secondes auparavant.

Oh.

Non.

James ! Adel ! Les noms te reviennent enfin en tête, ton esprit se réveillant brusquement en pensant au jeune homme qui t’a poussé juste à temps pour éviter le pire. Tu te redresses juste assez pour le voir là, juste de l’autre côté de ce monstre de métal, écrasé par le lustre. Sa jambe est en sang, tu vois vite la mare qui se forme à ce niveau, mais ton regard ne s'attarde pas dessus, il est à la recherche de l’autre garçon. « Et merde ! » Tu ne jures pas souvent, mais tu es persuadé que personne ne t’en voudra à cet instant alors que tu vois le fameux Adel qui est lui aussi pris au piège de ce lustre. Tu t’estimes juste chanceux de ne pas être sensible à la vue du sang, ayant bien trop souvent vu ce liquide rouge couler au fil de tes années au cirque. Tu finis par te relever, jetant un coup d’oeil à Louise et l’autre jeune femme. « Venez m’aider ! J’y arriverai pas seul ! » Surtout pas avec ton bras droit blessé, mais tu contournes déjà le lustre pour t’approcher de là où est Adel, puisque ce sera le plus facile à sortir de là. Il suffit de soulever un peu ce maudit monstre de métal et ça devrait le faire, non ? De toute façon, vous n’avez plus le choix, vous devez les sortir de là avant que la toiture ne décide de vous ensevelir à son tour. « On va vous sortir de là. » Tu essayes d’être rassurant, de ne pas céder à la panique malgré les cris et le stress qui semble se propager. Tu es le plus vieux dans ce bordel, à toi d’assumer ton rôle. Et puis il est hors de question de laisser quelqu’un derrière, alors te voilà accroupi aux côtés du garçon dont les bras sont pris au piège, et tu tentes déjà d’exercer une pression vers le haut pour tenter de le libérer.

La situation devenait urgente. Adel connaissait la nature, ses caprices, ses cris de rage. Ce tremblement de terre n'avait rien d'un jeu ; c'était un avertissement, et il était encore assez lucide pour imaginer ce qui se passerait si ils ne sortaient pas tous de cette église immédiatement. Le bâtiment était ancien, et sa voûte ne laissait pas de place au doute quant à ce qui risquait d'arriver si les secousses venaient à redoubler. Les premières avaient déjà fragilisé la structure... mais le pire était à venir, bien plus tôt qu'Adel ne l'avait prévu.

Il était encore fixé sur James et son otage quand un bruit sourd attira son attention.
Des cris résonnent et Adel se tourne machinalement vers la source du vacarme. Son sang se glace quand il aperçoit la foule devant la porte à présent bloqué. Si le bâtiment commence à s'effondrer, tout est fini. Adel distingue son frère dans le groupe et avant de lui crier de s'éloigner de la porte, un autre son le ramène à la scène sous ses yeux. Il voit James lever la tête, et il perd le souffle en comprenant ce qu'il voit, ce qui se passe. Une peur panique s'empare de lui, tandis qu'au dessus d'eux, le lustre de bronze craque et commence à se décrocher.  « Bordel de merde. Odin nous protège... »
L'adrénaline monte ; il faut agir, vite. Le jeune homme voit son ami forcer pour échanger sa place avec celle de l'inconnu et Adel ne réfléchit plus. Son cerveau analyse la situation à la vitesse infernale d'un ouragan, et au moment où le luminaire monumental tombe sur eux, il se précipite pour attraper James et le tirer hors du champ d'écrasement.

La douleur explose dans ses bras comme une vague d'acide. Il a envie de hurler mais aucun son ne parvient à sortir. Adel se rend compte qu'il a fermé les yeux, et autour de lui, un silence de mort résonne à travers un bip continu qui lui rappelle trop celui de ce jour où il a faillit ne jamais revenir à lui à l'hôtpital. La réalité le frappe de plein fouet, et le vacarme irradie autour de lui en même que la souffrance insoutenable qui part de ses bras pour se diriger vers tout son corps.

Des gens crient ; Adel reconnaît la femme qui accompagnait James, et l'autre blonde, et James lui-même. James. Où est-il cet abruti ? Il a échoué à le sortir de cette merde. Une vague de culpabilité l'étreint alors qu'une peur sourde prend peu à peu Adel aux tripes et ce n'est que la douleur qui l'empêche de bouger pour chercher son ami. L'entendre est un soulagement malgré tout, et il a l'air proche. « Je suis là James, tout va bien... » Il tente de la rassurer en parlant doucement, posément. C'est un demi-mensonge : Adel sent ses bras, bien trop violemment pour que ce soit grave cependant, et c'est bon signe. Le sang coule à flot et trempe les manches de son costume déchiré. Il prend conscience qu'il est coincé lorsque l'homme qui était avec James s'approche et leur jure qu'ils vont les aider. Adel le regarde avec reconnaissance, et cherche son frère des yeux. Il le voit au loin qui s'approche et lui crie : « Tu restes ou tu es ! Je t'interdis de venir jusqu'ici ! Reste avec les autres et surveillez le plafond. Je compte sur toi. » Son ton est assez dur pour avoir l'effet escompté, et Adel soupire de soulagement alors qu'il tente d'oublier la douleur qui menace de le faire s'évanouir au fur et à mesure du temps qui passe.

« Sortez James en premier. Sortez le de là vite, je peux tenir. » Il ment, mais James compte plus. Tout le monde compte plus. Soudain il se repense à ses proches, quelque part ailleurs, peut-être dans une situation tout aussi délicate. Il retient les larmes qui menacent et se jure que s'ils en sortent tous indemnes, la première chose qu'il fera sera d'aller trouver Alex pour lui dire qu'il l'aime comme un fou.

Ils s’agitent, tout autour de lui, et lui n’arrive même pas à comprendre ce qui se dit alors qu’il essaye de changer de position pour voir Adel, pour le trouver, la peur s’insinuant bien trop vite dans ses veines. Peut être qu’il est mort. Peut être qu’il devra appeler Sören, Alex et Sigur pour leur annoncer la nouvelle, en sortant. Peut être qu’il ne le verra plus jamais l’engueuler trop doucement et rire trop naturellement. Peut être qu’il ne reste de lui que leurs souvenirs d’enfance. Mais sa voix résonne entre eux, et James retient un sanglot de soulagement sans arrêter d’essayer de le voir. « T’es vraiment un trou du cul ! » Ca ne sonne pas du tout énervé, sans doute parce que c’est trop doux, mais ça n’a plus d’importance. Il entend Lena, puis l’autre jeune femme, et l’homme qui a visiblement réussi à s’échapper plus ou moins entier de sous le lustre, et il ferme les yeux quelques secondes pour laisser son cœur se calmer. Ca sent le sang, et il n’y a aucun doute qu’ils en perdent un peu trop. Mais le lustre bouge, maintenant.

Les mots d’Adel et la réponse de la blonde le sortent de sa léthargie, alors qu’il commençait à penser qu’il allait s’évanouir, et il serre les dents en gigotant de nouveau pour sortir sa jambe de sa prison, le lustre étant finalement suffisamment soulevé pour cela. S’il était en face de lui, il le frapperait sans doute. Peut être qu’il peut sortir. Il peut ramper, en tout cas. Il pourrait en profiter pour ramper en dehors du lustre. Mais au lieu de ça, c’est à l’intérieur qu’il se faufile en ignorant totalement la douleur dans ses membres et les morceaux de verre au sol pour arriver jusqu’à son ami d’enfance et loucher sur ses bras. « Va te faire voir Adel. Vous tenez ? Serre les dents. » Il ne reste plus qu’à pousser ses bras à l’extérieur pour le libérer totalement. Nul doute que ce n’est pas la manière la plus douce, et que ça risque d’empirer les dégâts, mais c’est sans doute mieux que de le laisser se vider de son sang en attendant qu’une machine soit capable de soulever le poids énorme du lustre. Alors il gigote une dernière fois pour trouver une position qui le rend capable de saisir les bras d’Adel pour les pousser hors de leur prison avec ses dernières forces. Au moins, les cris de douleur ne l’ont jamais vraiment dérangé. La dernière chose qu’il espère avant de s’évanouir, c’est que ça ait servi à quelque chose.

Le sang perle de ta blessure, mais l’adrénaline t’aide à ignorer la douleur alors que tu tentes de soulever le lustre en compagnie des demoiselles qui sont à tes côtés. Vous devez absolument les sortir de là. C’est lourd, vous ne pouvez pas complètement le relever, juste assez pour permettre à l’un des garçons de se dégager. Tu penses plus à Adel, il est le plus proche, mais tu aperçois James bouger de son côté dès que le poids n’est plus totalement en train de l’écraser. Parfait, ils vont peut-être pouvoir sortir tous les deux. Enfin c’est ce que tu pensais et tu déchantes vite en voyant le garçon ramper à l’intérieur du lustre. « Mais qu’est-ce que tu fous ? », Lâches-tu, sous le coup de la surprise. Et le pire c’est que tu ne peux rien faire, tu dois rester là à tenir le lustre alors qu’il vous broie les doigts sous son poids. Qu’est-ce que c’est lourd ! Tiens bon, bordel ! Tu serres les dents, luttant jusqu’au bout pour ne pas lâcher.

Un cri retentit dans l’église, glaçant le sang des rares présents. Tu sens le poids du lustre peser encore plus sur vos mains et vous finissez par le reposer, ou le lâcher, tu n’es plus trop certain, tu sais juste que les deux garçons ne sont plus écrasés. Enfin tu l’espères, James est au centre, probablement évanoui, il ne bouge plus. Adel a été repoussé juste à temps. « James ! Bordel. » Tu passes ta main sur ton visage, celle qui n’a pas été blessée dans la chute du lustre. Le sang continue de couler abondamment de ta plaie, au point où tu commences à avoir quelques vertiges. Seul point positif à la situation actuelle c’est que le feu n’est plus un danger pour vous, vous ne risquez pas de finir étouffés ou brûlés. Par contre, vous ne pouvez pas laisser James sous ce lustre, tout comme vous devez absolument soigner les blessés. Tu t’approches d’Adel, espérant voir dans quel état il est, même si tu ne t’imagines pas le voir se relever comme si de rien n’était après avoir été écrasé par le lustre.

Il avait fallut que la jeune blonde ose lui tenir tête pour qu'il se calme un peu. La panique était toujours présente, et il la maintenait à flots pour conserver l'adrénaline qui lui permettait de tenir face à la douleur. Le reste du groupe s'était réuni pour tenter de les extirper du lustre, et même si Adel ne songeait encore qu'à James, il commençait à se sentir planer, et des étoiles flashaient devant ses yeux. La voix de son ami lui arracha un sourire à travers les brumes de son esprit anesthésié par la douleur. Il entendait aussi les autres s'affairer autour d'eux, et soudain la pression sur ses bras s'affaiblit. La pression relâchée relança une vague de douleur intense qu'il absorba en grimaçant et en étouffant un gémissement. Et puis soudain il y a James devant lui, et Adel écarquille les yeux. « Putain tu fais quoi, t'es cinglé, dégage d'ici ! Jam- » Il n'a pas le temps de terminer son sermont que son ami pousse sur ses bras, envoyant une nouvelle et insoutenable vague de douleur dans tout le corps d'Adel. Ce dernier manque de s'évanouir, mais quand il reprend ses esprits, ce sont les cris de l'autre type, et le corps immobile de James qui finissent de le réveiller. Il est agenouillé, les bras sur ses genoux, tremblant alors que le sang continuer à couler à flots. Il les sent à peine, mais bouger est insupportable. Ça le rend fou. James a besoin d'aide, il doit l'aider ! « Espèce d'abruti sans cervelle ! Qu'est-ce que t'as fait ?! » Il sent à peine les larmes couler sur ses joues poussiéreuses ; un trop plein de terreur, de douleur, un sentiment d'inutilité, de colère. Avec ce qu'il lui reste de forces, il parvient à pivoter la tête pour voir si son frère lui a obéit. Il croise son regard au loin et alors qu'il le voit faire un pas vers lui, il secoue vivement la tête pour l'en dissuader. La dernière chose dont il a besoin, c'est que son frère soit blessé en essayant de l'aider. Il y a déjà bien assez de sang qui coule sur les pavés sacrés de cette église en ruines.
Toujours immobile, il s'adresse aux deux femmes : « Est-ce que ça va aller ? Il faut le réveiller ! » Il a peur qu'il ne se réveille jamais. Comme lui a un jour faillit ne jamais se réveiller. Il ne supporterait pas de le perdre comme ça, pas après qu'il l'ai aidé, qu'il l'ai sauvé. « L'alcool ! Il faut désinfecter nos blessures. Et sortir d'ici. »

D’un coup tu as vu Louise disparaître, emportée par une main sortie des décombres. Certains ont pu passer et un homme a même réussi à vous rejoindre pour essayer de débloquer la situation. Mais en venant vous retrouver il a condamné l’issue qui aurait pu laisser sortir une autre personne. Enfin tu n’es pas mécontent de le voir arriver car avec son aide vous arriverez peut-être à sortir James de sous ce foutu lustre qui a bien failli vous coûter la vie. Tu n’es plus vraiment en état de t’activer et c’est sûrement pour ça que l’homme ne t’a pas demandé de venir l’aider, il s’est tourné vers la dernière jeune fille présente à l’intérieur, Lena. Mais celle-ci n’a pas bougé d’un pouce, sûrement tétanisée par la situation. Tu étais prêt à aller chercher l’alcool pour essayer de désinfecter un peu vos blessures, comme le suggérait le garçon, mais en voyant que personne ne venait aider cet homme pour aider James, tu as changé d’avis. Tant pis pour tes blessures, tant pis si tu sens tes forces te quitter doucement, l’adrénaline est encore là, te donnant ce coup de fouet ultime pour sortir le garçon de sa prison de métal. « Je suis là ! » Tu vois bien le regard de l’homme prêt à te dissuader d’agir, mais tu ne lui laisses pas le choix, vous devez absolument faire quelque chose avant que le toit ne vous tombe sur la tête et vous enterre tous ici. Alors tu donnes un coup de main à l’homme, aidant à faire levier pour bouger le lustre et libérer James. À vous deux, même si tu n’es pas capable de donner 100% de ta force, tu serais même plus proche d’un petit 50% actuellement, tu sens que l’objet bouge enfin. Parfait. Tu dois encore tenir. Quelques instants. Tu ne peux pas lâcher. Pas maintenant. Même si tu commences sérieusement à avoir la vue qui se brouille.

La fatigue commence à se faire sentir, entremêlée à la peur qui grandit en lui à chaque minute qui passe. James. Son frère. Ses amis. Alex. Il a envie de hurler, de pleurer, de dormir. Il voudrait que James se réveille, sortir d'ici. Comme en écho à ses dernières forces qui le rendent fébrile, une nouvelle secousse vient ébranler le maigre espoir qu'ils étaient parvenus à déterrer, et les enfouir de nouveau dans le tombeau de vieilles pierre de l'église. Adel entend à peine les cris, mais quand il se retourne, il n'y a plus son frère en vue, ni cette femme blonde qui les avait aidés. Il n'y a qu'une jeune fille qui sanglote, un type énorme, l'amie de James et l'autre homme blessé. Adel le regarde d'un air mi-désespéré mi-encourageant, tandis que l'inconnu hurle de venir l'aider à la blonde.

Adel a envie de gifler James pour qu'il ouvre les yeux, il a envie de lui hurler de faire un effort bordel ! Il sent à peine ses bras, la douleur l'enveloppe d'un cocon d'anésthésie et en entendant l'autre homme, blessé lui aussi, dire qu'il allait aider, il comprend que s'il ne bouge pas maintenant, ils seront tous morts dans peu de temps. Il vérifie une dernière fois le pouls de James et se redresse en grimaçant. « A trois on soulève et je tire James. » Il sait qu'il va souffrir, mais entre ça et la mort, le choix est vite fait, et ils souffrent tous. Sauf ce type énorme qui semble encore en forme et qui, dès qu'il soulève, met plus de puissance que les deux autre réunis. Adel a calé le lustre sur son épaule et il se pousse vers le haut en serrant les dents. Il n'auront pas de seconde chance, et James doit sortir de sous ce tas de feraille. Il fait le vide et ferme les yeux pour se concentrer et oublier la douleur, tandis que le lourd luminaire semble enfin bouger. Lorsqu'il ouvre les yeux, il voit l'autre homme face à lui et la même douleur dans ses yeux, et il se dit que s'ils survivent à tout ça, il sera reconnaissant toute sa vie.

Il agit en un instant au moment opportun, et abandonne toute forme de pensée rationnelle pour tirer James de son bras libre - grâce au ciel il est loin d'être un poids lourd - et parvient à l'écarter suffisamment pour pouvoir lâcher le lustre et le tirer ensuite sous les bras pour l'éloigner définitivement de sa prison infernale. Au même moment, il hurle à ses camarades encore en transe : « Lâchez tout ! » Ils ont réussit.

Adel sent son coeur battre avec force, et la transpiration vient brouiller sa vue, déjà altérée par la douleur. Ses jambes s'affaissent et il s'affale avec James. Il a l'impression que ses bras s'enflamment, mais comme pour s'assurer qu'il est bien là et bien vivant, il serre son ami contre lui et vérifie que son cœur à lui bat aussi. Un éclat de rire nerveux traverse sa gorge et il sent à peine qu'il tremble. Ou est-ce ne nouveau la terre qui s'éveille sous leur exploit ? Il s'en moque, et en cet instant il lutte pour ne pas fermer les yeux et laisser la fatigue l'emporter. Ils doivent encore sortir de l'église, et soudain cette opération paraît intenable... « J'irai plus jamais aux enterrements... »

Ce n’était peut être pas le choix le plus logique, mais ça avait semblé être le plus malin, avant de perdre connaissance. Il s’était même fait la réflexion qu’avec Adel libre, tout le monde s’en sortirait sains et saufs, en oubliant bien évidemment de calculer que lui serait toujours bloqué sous le lustre, et que personne n’allait vouloir le laisser là, malheureusement. Et quand il rouvre les yeux, c’est pour sentir une odeur de sang lui emplir les narines, et les battements de cœur bien trop rapides de quelqu’un contre lui. Adel. C’est Adel, c’est certain. Adel qui rit franchement bizarrement et qui tremble beaucoup trop. « Salut toi. » C’est murmuré comme une technique de drague alors qu’il plisse les yeux pour essayer de discerner le visage de son ami, pour simplement l’assurer qu’il est en vie, avant de poser une main sur son bras et de grimacer en constatant qu’il a été plus blessé qu’il ne le pensait. « Tu pisses le sang. » Lui aussi, sans doute. Ils ne sont peut être pas les seuls.

Doucement, il se défait de l’emprise de son ami d’enfance pour se redresser sur les coudes et regarder autour de lui. Tout le monde est en vie, apparemment. Après avoir essayé de se relever, il abandonne et se laisse retomber sur les fesses dans une grimace désespérée, avant de secouer un peu Adel. « Sous l’autel ! Faut qu’on se mette sous l’autel. Si un autre lustre tombe, on est morts. On peut pas sortir de toute façon, alors on a plus qu’à attendre plus ou moins en sécurité. Allez hop les moches ! » Ce n’est pas aussi fort qu’il l’aurait espéré, mais quand il se retourne pour ramper sur le ventre comme un imbécile vers l’autel, il se dit que le message devrait passer d’une façon ou d’une autre. Dire merci, c’est surestimé, il paraît.