→ Agrippina vient d'un milieu difficile, et a passé la majorité de son enfance à travailler dur à l'école sous les conseils de ses tuteurs légaux, tous deux ouvriers qui gagnaient mal leur vie. Elle a commencé à travailler à côté de ses études vers 14 ans pour les aider, mais ils ont toujours refusé qu'elle abandonne l'école, mettant tous leurs espoirs en eux.

→ Quand elle a eu 18 ans, sa mère est morte d'un empoisonnement au plomb à cause des produits chimiques qu'elle maniait toute la journée. Agrippina, plus déterminée que jamais, a quitté le domicile familial et a déménagé dans la meilleure université du pays, ayant obtenu une bourse grâce à ses notes.

→ Ambitieuse et travailleuse, elle a fini ses études première de sa promotion, même si elle a dû sacrifier sa vie sociale pour cela. A 24 ans, elle est tombée enceinte, et a refusé d'arrêter pour autant, ne prenant une pause que pour aider sa fille lors de ses premières années, avant d'avoir les moyens d'engager une nourrice et de reprendre le travail deux fois plus dur.

→ A 30 ans, elle a ouvert sa propre boîte pharmaceutique, qui a bien vite eu du succès, avant de devenir le titan qu'elle est aujourd'hui. Agrippina la gère d'une poigne de fer, et peut parfois se montrer impitoyable, que ce soit vis-à-vis de ses employés ou de son principal adversaire, Cassio Di Marzo.

→ Mariée à son travail, elle a toujours eu du mal à se faire des amis, et commence aujourd'hui à ressentir les effets de la solitude un peu trop violemment à son goût. Elle a cependant toujours gardé contact avec son père, et elle a réussi à donner un peu de son temps, même si sans doute pas assez, à sa fille, qui vit ceci dit sous sa pression constante de réussir ses études pour ne jamais finir pauvre.

Génie de la mode et du design, Magdalene a quitté l'Allemagne pour travailler en collaboration avec une créatrice Palermoise rencontrée sur internet. Il faudrait être bien proche d'elle pour qu'elle avoue avoir également laisse derrière elle une relation compliquée et malsaine — c'est pourtant la réalité, une réalité qui la laisse encore remplie de cauchemars et de sueurs froides. Elle a pour objectif de recommencer une vie en Sicile et de parvenir à nouveau à vivre de son art, ce qui ne s'annonce pas très compliqué au vu de la renommée dont elle est déjà digne. Réservée et parfois froide au premier abord, elle est en réalité très loyale et généreuse.

Femme solitaire et réservée, Rosaria est une lionne dans son métier qu'elle prend très au sérieux. Elle a toujours eu cette impression de devoir faire ses preuves et de prouver à son père qu'elle n'était pas juste une monnaie d'échange à utiliser dans un mariage de convenance. Elle est désormais respectée, parfois crainte, grâce à sa carrière impressionnante. Mère de deux jumeaux, elle a une vision de la relation parents-enfants un peu conservatrice. Elle peine ainsi à être aussi proche d'eux qu'elle l'aurait intimement souhaité. Elle cherche cependant toujours à leur offrir le meilleur.  

→ Née d'un amour d'été entre sa mère et un sicilien de passage dans la capitale gelée de l'Islande, Gabríela est une erreur. Elevée seule par sa mère, elle n'a jamais connu son père. Elle ne sait rien de lui si ce n'est qu'il vient de cette île presque à l'opposée de la sienne. Une île dorée par le soleil où l'art semble au cœur de tout.

→ Gabríela est une rêveuse, une créative. Elle adore les histoires, autant les lire que les écrire. Elle est prise de passion pour les livres, les films, les scénarios qu'elle s'imagine dans sa tête avant de dormir. Elle est aussi passionnée par la Sicile, cet endroit si mystérieux pour elle où il fait chaud et où vit ce père inconnu qu'elle aimerait tant rencontrer. Elle apprend l'italien par elle-même, très tôt.

→ A 18 ans, elle fait enfin ses adieux à son île gelée pour se rendre en Sicile où elle a réussi à trouver une alternance auprès d'un scénariste et où elle peut continuer ses études dans une école de belle renommée. Elle apprend et elle vit, là-bas. Elle découvre la fête, la cigarette et l'alcool. Elle découvre l'amour et elle continue de rêver.

→ A 23 ans, diplôme en poche et alors qu'elle commence à se faire des contacts dans le monde de l'audiovisuel, elle est approchée pour participer au casting de la nouvelle saison d'une émission de télé-réalité à succès en Italie. Elle accepte, elle rêve encore. De grandeur, de paillettes, de reconnaissance.

→ Elle est rapidement montée en popularité durant son passage dans l'émission. L'expérience est rude pour la jeune femme, le monde de la téléréalité se révélant être bien plus un cauchemar qu'un rêve. Cependant, cela lui permet d'étendre son réseau et de décrocher ses premiers vrais contrats en tant que scénariste. Elle espère un jour voir sa plus belle histoire prendre vie sur un écran de cinéma.

→ Cassio a hérité de l'entreprise familiale par son père, qui avait tracé toute sa vie pour lui. La Di Marzo Company est la plus grande entreprise pharmaceutique de l'île depuis sa création, et elle n'est que depuis peu menacée par la montée en puissante de sa rivale.

→ Travailleur et fier des valeurs de sa famille, Cassio a toujours tenu à ne pas décevoir les espoirs qui étaient posés sur ses épaules, qui étaient pourtant nombreux, et il a passé une grande partie de sa vie à essayer de plaire à un père distant et autoritaire.

→ Alors qu'il était à l'université, il est tombé follement amoureux d'une italienne, implantée là bas, et il s'est vu renier le jour où il l'a demandée en mariage, sa famille n'acceptant pas qu'il abandonne ses obligations.

→ Trois ans plus tard, alors que Cassio n'avait qu'une vingtaine d'années, sa femme est morte en couche à cause de complications. Le cœur brisé, il est rentré dans sa famille avec sa petite fille dans les bras.

→ Pendant plusieurs années, il resta seul avec sa fille tout en prenant peu à peu les rennes de l'entreprise familiale, mettant un point d'honneur à être présent autant qu'il le pouvait dans la vie de sa fille et à ne rien rater d'important de sa croissance.

→ Quelques années après la mort de sa première femme, il rencontra un.e nouvel.le âme-sœur, qu'il finit par épouser, et avec qui il remonta une famille. Aujourd'hui, il a totalement pris le pouvoir de l'entreprise, et il essaye d'accorder un peu de temps à sa famille, mais les affaires deviennent difficiles, et il n'a malheureusement pas réussi à être aussi présent qu'il le souhaitait.

→ Salvatore, c'est un extraverti né. Il est heureux au milieu de la foule et triste lorsqu'il se retrouve seul chez lui. Il adore voler l'attention des gens autour de lui. Il n'a pas peur du ridicule, ni de prendre tous les risques qu'il faut pour obtenir les photos les plus croustillantes pour son métier. Habile avec les mots, doué avec un appareil dans les mains, il y a une certaine forme d'art en lui qu'il n'a jamais vraiment su exploiter de la meilleure façon.

→ Il est né dans une petite ville de Sicile où rien ne se passait jamais vraiment. Il est resté là-bas jusqu'à ses vingt ans, parce qu'il a toujours eu du mal à être loin de sa famille. Un jour, il craque, il prend son envol et il se retrouve dans la plus grande ville de l'île où enfin, il trouve l'effervescence dont il a besoin pour se sentir vivant.

→ Un brin manipulateur et fin stratège, Salvatore n'hésite pas à user de la ruse et parfois de la malhonnêteté pour gravir les échelons professionnels. Aujourd'hui, il est reconnu dans son métier et son but est de continuellement traquer les personnes influentes de la ville pour obtenir le meilleur cliché. Il est certainement haï par la moitié de Palerme, mais il aime à prétendre que rien ne l'atteint vraiment. Ni les critiques, ni les regards de dédain.

→ Au fond, Salvatore n'a jamais vraiment voulu de cette vie, il s'est simplement perdu au fil des années. Amoureux de photographie, son rêve de gamin, c'était de capturer les plus beaux portraits et les paysages les plus magnifiques. Il ne sait pas vraiment à quel moment il s'est retrouvé à essayer de prendre les photos les plus compromettantes des célébrités de Palerme, mais il essaie de ne pas trop y penser. Personne n'aime être triste.

→ Otto est né sous X et ne connaît par conséquent rien de ses parents ou ses origines. Parce que l'orphelinat de Palerme auquel il a été confié à sa naissance était particulièrement bondé à cette période et à cause d'un caractère souvent jugé trop difficile parce qu'on lui soupçonnait une forte hyperactivité, il n'a jamais été adopté et est resté dans le système jusqu'à pouvoir s'en détacher à sa majorité.

→ Peu sérieux dans ses études et possédant de grandes difficultés de concentration et d'apprentissage, il a réussi à avoir son diplôme de fin de lycée à un cheveu.

→ Otto a toujours été fasciné par les autres et a toujours eu une oreille attentive et compréhensive. Depuis tout petit, pour lui comme pour les autres, cela le destinait à une carrière de psychologue ou de thérapeute. Pourtant, faute de soutien financier et d'un niveau suffisant pour obtenir une bourse, ses études ont dû s'arrêter à sa majorité, et il a dû trouver une autre vocation.

→ A 20 ans, il a ouvert son propre bar après avoir fait un apprentissage dans un bistrot de Rome. Être derrière un bar, c'est un peu comme être psy après tout. Et grâce à son caractère avenant et à son oreille attentive, il a réussi à s'attirer une clientèle fidèle et enthousiaste. Aujourd'hui, il est mêlé à la vie de son quartier et de sa ville, et sert de voix à tous ceux qui n'osent pas parler, n'hésitant pas à héler le maire ou un grand entrepreneur dans la rue pour obtenir justice pour le petit peuple.

Artemia est née dans une famille beaucoup trop riche pour son bien. Etouffée par les conventions et les attentes de ses parents, elle trouve le moyen d'avoir une enfance plutôt heureuse : joyeuse et curieuse, elle est avide de savoir et d'aventures, et ne s'empêche aucune joie malgré le regard souvent désapprobateur de sa mère. Ses rires et sa façon de se passionner chaque jour pour une nouvelle chose sont en réalité une adroite façon de dissimuler sa profonde solitude, amplifiée par une rupture très brutale de son amitié avec le petit Dante. Leur relation fusionnelle s'arrête effectivement du jour au lendemain sur une dispute au goût amer de l'incompréhension et du mensonge. Cet épisode conditionnera, à son grand désarroi, les quinze années suivantes de sa vie.

Artemia s'habitue dans les grands couloirs de la maison familiale à une vie de solitude. Elle rencontre peu de gens de son âge, n'est proche que de son cousin, ne voit de monde qu'aux événements caritatifs auxquels elle est tenue d'assister pour faire honneur à ses parents qui ont tenu à lui offrir les meilleurs précepteurs pour lui faire classe à la maison. Elle ressasse sa colère, la façonne et l'arbore comme une armure impénétrable pour la laisser exploser uniquement en présence de celui qui ne quitte jamais vraiment ses pensées. Parce qu'ils ne se perdent jamais vraiment de vue, Dante et elle. Ils fréquentent les même sphères, les mêmes lieux. Ils se croisent souvent, se suivent sur les réseaux sociaux, et bientôt les médias se repaissent de leurs rixes fréquentes. Ils sont la jeunesse dorée de Palerme, incapables de se faire oublier, incapables de s'ignorer. Leur haine mutuelle devient notoriété publique, et une bonne partie de la population attend impatiemment de savoir quel nouveau mauvais coup l'un aura fait à l'autre.

C'est comme cela qu'elle devient connue, Artemia. Elle attire l'attention des médias, et avec eux des gens qui dirigent les médias, et des gens qui profitent des médias, et on la contacte pour tel article, pour telle publicité, et rapidement elle ne vit plus seulement de l'argent de sa famille mais a un semblant de travail. Elle quitte comme ça la maison de son enfance pour emménager dans son premier appartement, au bord de l'apoplexie dans un foyer qui l'oppresse depuis toujours. Ses parents n'en sont pas ravis, mais l'espace de quelques années, elle croit avoir gagné sa liberté.

Personne ne gagne jamais contre sa mère, pourtant. Suite à la révélation d'une de ses liaisons avec une jeune femme russe immigrée illégalement, Artemia doit plier face au chantage que lui fait sa génitrice. Les termes en sont simples : elle doit épouser le parti qu'ils lui ont trouvé dans le but de solidifier une alliance entre familles, ou bien son amante sera dénoncée et renvoyée dans le pays qu'elle a fui. Alors Artemia renfile son armure et accepte les termes imposés par sa mère, et rencontre son futur époux dans le salon bleu de la maison matriarcale.

Elle pensait que ça ne pourrait pas être pire, après avoir appris qu'elle devrait se marier. Elle pensait qu'elle avait touché le fond. Mais quand Dante Motisi a franchi le pas de la porte, le visage décharné par la drogue et une récente tentative de suicide, quand elle a compris qu'elle aurait pour époux son ennemi de toujours, Artemia a vu sa vie se dérober sous ses pieds. Le semblant de tranquillité qu'elle s'était construit a volé en éclat à cet exact moment, alors qu'elle giflait Dante par habitude plus que par conviction.

Ils n'ont pas pu y échapper, à ce mariage. Artemia a traversé des moments très durs entre l'annonce de son mariage et la cérémonie, incapable de se retrouver, de retrouver celle qu'elle était, de rassembler les pièces de l'armure et de les endosser à nouveau. Etrangement, cette épreuve commune les a rapprochés, Dante et elle, alors qu'ils faisaient front contre leurs familles respectives et contre un futur qu'ils abhorraient déjà. Pendant leur lune de miel, elle apprend la raison pour laquelle Dante l'a rejetée lorsqu'ils étaient enfants. Sa haine se tait un peu, se mue en rancœur, et elle s'apaise suffisamment pour supporter l'existence de son époux. Peut-être même un peu plus.

Et alors qu'elle pense qu'elle va enfin pouvoir rassembler ses esprits, essayer de faire le tri entre ses sentiments pour son époux et sa colère qui lui échappe et la laisse sonnée, sa mère lui annonce qu'elle a profité de l'énorme publicité qui a entouré le mariage pour la présenter aux élections pour le rôle de maire de la ville. L'idée est absurde. Artemia ne sait pas quelles cordes elle a dû tirer pour la pousser jusque-là, elle qui n'a approché la politique que lors de l'organisation de quelques événements caritatifs ou lors de prises de position publiques en faveur de l'écologie. Elle n'a aucune chance, et à nouveau elle se retrouve coincée entre ce que veut sa mère, ce qu'elle voudrait, et la réalité. Alors la colère se réveille.

Elle fait campagne, Artemia. Elle en perd le sommeil, elle en perd l'appétit, elle apprend tout ce qu'elle n'a jamais su sur sa ville, sur la politique du pays, sur l'économie, sur la mafia ; elle s'entoure des conseillers qu'elle ne voyait à l'époque que serrer la main de son père avec un air solennel, et elle écoute ses tripes pour les sélectionner. Elle n'a pas beaucoup de temps, elle n'a aucune chance d'être élue face aux candidats aux visages déjà familiers. Mais elle a la rage. Elle veut qu'on la laisse. Elle veut reprendre sa vie en main. Elle veut prendre les rênes, elle refuse de subir à nouveau les décisions qu'on lui impose. Elle ne sait pas si sa mère a voulu l'humilier, lui donner une leçon, lui faire goûter à son univers ; elle refuse de savoir. Elle a un objectif à nouveau, une chance d'exister à nouveau en tant qu'elle-même, et non plus en tant que la fille de sa mère ou l'épouse de son mari.

Et elle les gagne, ces élections. Rien ne se passe comme prévu, rien ne se passe sans heurts - Dante se présente également, dans l'unique but de critiquer la compétition et d'inviter le monde à voter pour sa femme, et puis des petits malins se faisant passer pour des fantômes vengeurs divulguent des secrets sur chacun des candidats dans le but de les faire passer pour des menteurs. Et alors qu'elle pense avoir à nouveau tout perdu, les ballots la donnent gagnante. Elle est la nouvelle maire de Palerme.

Depuis, elle a nommé à ses côtés l'une des seules personnes en qui elle a confiance, un jeune homme du nom de Jake qui a de l'expérience en politique internationale et avec lequel elle a peut-être eu quelques échanges d'ordre intime quelques années auparavant. Ils ont toujours eu une relation très houleuse ; Artemia avait l'habitude de lui rappeler qu'elle ne l'appréciait que lorsqu'il avait bu, ce grand empoté anglais. Aujourd'hui, les tensions semblent s'être apaisées. Artemia n'est pas certaine d'apprécier ça ; sûrement parce que ce semblant de paix est trop associé à un regard terriblement triste, terriblement éteint, qu'il arbore depuis quelques mois. Peut-être parce que sa poitrine se serre quand elle le voit perdre l'appétit. Peut-être parce qu'elle voudrait, parfois, le serrer contre elle jusqu'à ce qu'il se sente à nouveau vivant.

La vie d'Artemia en est à ce stade un peu étrange où tous les repères ont disparu, et où les nouveaux sont aussi flous qu'elle n'arrive pas encore à s'y raccrocher. Embarquée dans un mariage qui chamboule tous les sentiments de toute sa vie, à la tête de la capitale de sa région, éprouvant sûrement trop d'affection pour celui qui devrait n'être que son adjoint, elle doit trouver le temps et l'énergie de se retrouver.

If I can't have love, if I can't have peace, give me a bitter glory.