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and the rest is silence | Askja
Aodhan O'Flahertie
Aodhan O'Flahertie
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25.08.20 0:37
Le rouge tremble, tout autour de lui, se pose sur chaque visage, chaque objet, chaque surface, avalant tout sur son passage, et il accélère le pas. Il a un mauvais pressentiment. Quelque chose ne va pas. Quelque chose d’anormal est en train de se produire. La colère grandit sans pression extérieure, sans raison, comme si une goutte d’eau était venue faire déborder le vase alors qu’il ne soupçonnait même pas qu’il était rempli. Tout avait été calme, ou presque, pourtant. S’il oubliait son nom dans le journal et les conséquences qu’il risquait d’avoir, sa vie était même plus calme qu’elle ne l’avait jamais été. Le journal n’était pas encore une cause perdue, à ce stade. Il y avait encore des solutions. Il n’était même pas certain que l’Irlande puisse utiliser un indice si vague, si peu crédible, un simple journal local dont l’auteur était inconnu, avec aucune preuve d’avancée. Tout était calme. Un semblant de routine s’était installé, mais surtout, elle était là, presque tous les jours. Peut être que c’était elle, qui le calmait. Peut être qu’elle utilisait ses pouvoirs pour cela, si jamais ils existaient réellement. Peut être que sa présence suffisait à le détendre, à éloigner les souvenirs et les sentiments négatifs trop violents. Dans tous les cas, les choses avaient changées, depuis qu’elle était arrivée dans sa vie. Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce qu’un seul pas de travers au travail lui ait donné une soudaine envie d’écraser la tête d’un cuisinier contre le mur, et qu’il se surprenne à s’immobiliser en le réalisant.

Le rouge s’épaissit, et il se maudit de fermer toujours sa porte à clefs trois fois avant de finalement réussir à rentrer, et de ne pas penser à refermer derrière lui. Il n’est plus dans son état normal, déjà. Ou peut être qu’il l’est, justement. Son souffle se fait plus saccadé, et il jette un œil à son téléphone qui vibre de nouveau. Il n’a pas arrêté. Askja l’a appelé. Deux fois maintenant. Ils avaient sans doute prévu quelque chose. Elle devait peut être le rejoindre. L’idée lui serre la gorge, mais elle s’échappe bien vite alors que sa main se met à trembler trop fort pour garder le portable en prise plus longtemps, et qu’il s’écrase au sol en un crac sinistre. Au moins, Askja ne risque pas de manquer son répondeur, maintenant. Il appuie son dos sur le mur derrière lui, cherche les chats du regard, et constate avec amertume qu’ils ont senti venir la tempête, et qu’ils se sont d’ores et déjà réfugiés sous les meubles. Il peut se contenir. Il n’est plus censé exploser. Il était censé avoir réussi, et même si ce n’était pas parfait, c’était suffisant pour ne plus perdre totalement le contrôle. Pourtant les battements de son cœur ne cessent d’augmenter en rapidité, et il n’est plus certain de pouvoir rouvrir les yeux sans tomber.

Le rouge explose finalement, quand il le fait. Il peint la pièce et dégouline sur le sol, salit chaque livre, brûle chaque particule de son corps, fait bouillir son sang, et arrête la connexion entre son cerveau et quoique ce soit d’autre que la colère. Alors lui aussi, il explose. La première chose à résonner est un simple livre qui tape contre la bibliothèque trop pleine, lancé à pleine vitesse, mais le bruit sinistre qui fait écho à celui du portable quelques secondes plus tôt est bien vite suivi par d’autres, de plus en plus forts, de plus en plus dangereux. La furie, la haine et la violence augmentent à chaque seconde, et elles le dévorent comme s’il n’avait jamais essayé de se battre contre en un simple instant. Et s’il essaie d’abord de la concentrer sur de simples objets, elle devient bien vite plus grande que lui, et il ne sait plus s’il tape dans le mur ou dans lui-même tant la douleur devient secondaire en quelques millièmes de seconde. Tant pis, alors. Il a perdu, une fois de plus.

Peut être qu’ironiquement, être calme si longtemps n’était pas une bonne chose. Peut être que si la violence était restée relativement présente, elle aurait aussi toujours été relativement maîtrisée. Il a presque l’impression de revivre ses débuts, alors que même réfléchir, même penser, même réaliser ce qu’il est en train de faire, ce qu’il est en train de devenir, devient impossible. Peut être que c’est ça, qui cloche, cette fois. Parce qu’il oublie qui il est, et ce qu’il fait là, et que tout ce qui a la moindre importance, c’est cet écran carmin qui n’arrête pas de grandir, qui devient liquide, qui entre dans ses poumons et qui le noie doucement. Parce qu’il n’a pas pris le temps de prendre des précautions, que la porte n’est pas verrouillée, qu’il est toujours dans le salon, et qu’il fait un bruit affreux. Et quand la bibliothèque tombe finalement, s’éparpillant au sol en gâchant des années de rangement et des années de soin, triste métaphore de son calme factice, la porte s’ouvre, et un éclair orange familier se mêle au rouge, mais il n’arrive pas encore à le voir. Pas tout de suite. Il voudrait ne jamais avoir à le voir ici, maintenant, face à lui, dans cette situation, alors qu’il est au pire de lui-même et qu’elle ne l’a pourtant sans doute jamais vu si fidèle à sa nature.
(c) AMIANTE
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