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Devour me | Solames [+18]
Solveig S. Aresdottir
Solveig S. Aresdottir
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29.03.20 5:14


Devour me, if you really think that you can stomach me



How do we forgive ourselves for all the things we did not become ?




Le vol a été interminable. Ils sont partis la nuit et ils arrivent la nuit ; heureusement, la bouteille de champagnes disposée entre les bouquets de roses a rempli sa fonction et a un peu allégé la tête de Solveig. James et elle n’ont pas décroché un mot de tout le vol, hormis lorsque la troisième coupe leur est montée aux joues, et qu’ils ont pu rire ensemble au souvenir du visage écarlate du prêtre, témoin le plus proche de leur baiser enflammé. Il va sans dire que s’ils ont partagé ce rire complice, la gêne s’est installé dans leurs deux êtres au souvenir, justement, dudit baiser enflammé. Solveig ne saurait dire si la rougeur sur les joues de James était due à l’alcool ou à la sensation encore présente de leurs deux corps serrés l’un contre l’autre.

Assis l’un à l’opposé de l’autre dans leur avion trop grand pour deux, ils ont siroté leur champagne dans un silence gêné. Dans la tête de Solveig, les pensées se bousculaient et les événements se mélangeaient, à tel point qu’elle a peiné à les remettre dans l’ordre. A son doigt, la bague un peu lourde la démangeait, et elle n’a cessé de jouer avec. C’était fait. Un an après les fiançailles, James et elle se sont mariés. L’enfant blond a épousé l’enfant brune, alors qu’ils ne jouent plus ensemble depuis maintenant quinze ans. Sûrement encore en état de choc, Solveig avait du mal à réaliser. A ce moment là, c’était comme si ça ne changeait pas grand chose. Le lendemain, elle commencerait à réaliser tout ce que ça impliquait.

L’atterrissage lui-même n’a pas réussi à la sortir de la brume qui l’a reprise, le cœur vidé de soucis autant que de joies. Le trajet jusqu’à l’hôtel s’est fait, à nouveau, dans un silence que Solveig commençait à trouver agaçant bien plus que reposant. Elle aurait aimé que James fasse quelque chose, qu’il dise quelque chose. Amputée de la complicité qu’ils avaient retrouvée l’espace de quelques secondes, elle la sentait encore fourmiller comme un membre disparu. Faute de savoir comment la former à nouveau, elle se tortillait sur son siège en se retenant de lui lancer quelques piques pour le faire réagir jusqu’à l’arrivée à l’hôtel.

L’endroit est, bien sûr, somptueux. Leurs parents ont réservé pour la semaine un penthouse au dernier étage. Leurs bagages ont été empaquetés par leur serviteurs respectif, si bien que Solveig n’a aucune idée de ce qu’elle aura avec elle. Probablement une foule d’affaires jugées convenables par ses parents, qui l’agaceraient, au mieux. Elle espère qu’ils auront pensé à lui faire prendre une tenue de nuit. C’est tout ce qu’elle arrive à formuler comme pensée alors que l’ascenseur aux reflets dorés les emporte vers le septième ciel dans un silence religieux.

L’appartement n’a qu’une chambre. Bien sûr. Il comporte tout de même une grande salle de bains, une bibliothèque, un salon ouvert sur une cuisine et dans lequel se côtoient des canapés, des fauteuils des méridiennes et des ottomanes tous plus somptueux les uns que les autres, et une magnifique terrasse qui donne vue sur la ville. Une voix pernicieuse lui suggère qu’elle pourra toujours se jeter de là-haut si la compagnie de James devient vraiment insoutenable. Pour l’instant, elle se contente de se laisser tomber sur le fauteuil le plus proche, ses jambes déjà en travers de l’accoudoir, avec un soupir épuisé. Ils sont enfin arrivés.

C’est joli.

Que dire de plus ? Qu’ont-ils de plus à se dire ? Solveig balaie la pièce du regard, évite la silhouette de James dont les cheveux, auparavant bien rangés, commencent à s’échapper en petites mèches ondulées, ce qui fonctionne étonnamment plutôt bien avec ses yeux fatigués aux pupilles encore sombres. Tout est très beau. Très vide, aussi. Impersonnel au possible ; une chambre d’hôtel de luxe dont on s’efforce d’effacer toute vie aussitôt que ses occupants ont débarrassé les lieux. Tout ce que Solveig déteste dans l’univers de la haute : l’uniforme, sans âme et sans saveur.

Tu sais ce qu’il manque à cette pièce ? Un magnum de champagne.

Elle parle autant à James qu’elle se parle à elle-même. Mue par une détermination nouvelle, elle se redresse et dégrafe le dernier jupon qui soulève encore sa robe. Il tombe au sol avec un bruit feutré, drôle de fleur sur le tapis épais. Dans le même mouvement, elle desserre légèrement son corset, qui commence sérieusement à l’empêcher de respirer. D’un geste habile, elle défait le nœud trop tendu pour le refaire un peu plus lâche ; ainsi plus à l’aise, elle s’étire avec satisfaction, alors que la soie de sa jupe caresse la peau de ses jambes et de ses chevilles.

Je vais commander un magnum de champagne.

Elle est sûrement déjà un peu plus ivre qu’elle ne s’en rend compte. Le repas a été passé à boire, et le trajet aussi ; mais voilà qu’elle décroche le téléphone pour y composer le numéro du room-service, et de commander d’une voix plus neutre qu’elle aurait dû l’être une bouteille de la précieuse boisson. Lorsqu’on lui assure que le champagne leur sera monté d’ici quelques minutes, elle remercie son interlocuteur d’une voix guillerette, et se dirige d’un pas devenu léger jusqu’à la baie vitrée. Consciemment ou inconsciemment, elle évite de regarder James. Son mari. Elle a peur de la réaction qu’elle pourrait avoir. De celle que lui pourrait avoir aussi. Elle a peur de poser ses yeux et de ne plus voir le jeune homme, ou de ne plus voir l’enfant. Elle a peur de regarder son mari, cette nouvelle personne qu’elle a créée et qu’elle ne connaît pas, qui la terrifie autant qu’elle l’exècre, qui l’excite autant qu’elle la dégoûte. Dehors, Venise dort déjà.


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James Mörkson
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29.03.20 18:24
Il n’aurait sans doute pas dû boire autant, tout bien réfléchi. C’est ce qu’il se dit quand il ne quitte sa coupe de champagne dans le jet que pour récupérer la flasque bien enfouie dans sa poche une fois dans la limousine. En même temps, ça semble être la seule chose à faire. Il n’arrive pas encore à recommencer à la détester, à attaquer, trop imbibé des souvenirs du baiser et des espoirs de ce qui ne pouvait pas suivre. Il n’arrive plus à être complice, parce qu’il ne veut pas faire le premier pas, parce qu’il n’est pas sûr qu’ils en soient capables, maintenant qu’ils sont loin de tous les regards et qu’ils n’ont aucune raison de faire semblant. Ou de faire semblant de faire semblant, en tout cas. Alors il se tait, marche par automatisme, ne regarde même pas vraiment autour de lui lorsqu’ils entrent dans l’hôtel, lorsqu’ils montent dans l’ascenseur, lorsqu’ils atteignent l’appartement. Il lui semble bien que quelqu’un a voulu lui expliquer quelque chose – un employé, sans doute – mais il n’a aucune idée de ce qu’il s’est dit. Il est très fatigué. Il n’a aucun espoir de fermer un œil avant des heures. Son esprit est plus réveillé que jamais.

Solveig se laisse tomber, parle un peu, et lui ne réagit même pas en s’approchant de la terrasse ouverte pour regarder par-dessus bord, sans s‘éloigner trop, voulant inconsciemment garder la possibilité de l’entendre si elle venait à parler encore. Il ne sait pas quoi lui dire. Il ne sait pas comment lui parler, maintenant que ce n’est pas censé être en criant et en lâchant des insultes, mais qu’il ne peut toujours pas plaisanter. Il lui semble qu’elle essaye, qu’elle tend une main timide vers lui, mais il n’arrive pas à en être persuadé, alors il se contente de regarder la vie limitée de nuit qui passe sous leur balcon. « Ah. » Ce n’est pas une mauvaise idée. Il a déjà fini le whisky de sa flasque, et la cigarette entre ses lèvres n’a aucun effet. C’est leur mariage, après tout. Ils méritent bien le magnum de champagne.

Il a fait l’erreur de se tourner vers elle, un peu, au moment où elle laissait tomber son dernier jupon et se libérait un peu de son corset, et il s’immobilise presqu’aussitôt en priant pour qu’elle ne regarde pas dans sa direction alors qu’il ne peut pas empêcher son regard à lui de parcourir son corps, enregistrant la moindre courbe qu’il n’a pas encore pu toucher, la teinte exacte de la peau, et en n’imaginant que trop bien tout ce que dissimule le peu de vêtements restants. Il inspire discrètement tandis qu’elle parle au téléphone, et détourne le regard, le souvenir du baiser revenant le narguer. Ca va être une longue semaine. Peut être qu’il devrait partir, prendre une autre chambre sous un faux nom, ou sortir et ne la rejoindre que pour les activités obligatoires. Ils ne peuvent sans doute pas faire cela sans que leurs parents ne soient mis au courant, pourtant. Malheur.

Le magnum est arrivé, et comme d’un commun accord, James a attrapé la bouteille et Solveig les verres, le liquide a été posé en plein milieu de la table, et eux se sont assis de chaque côté, avec leurs verres. James fait défiler les posts instagram sur son portable sans les regarder, en sirotant sa coupe, en essayant de comprendre si la table est trop petite ou bien trop grande. Peut être qu’elle est les deux. Peut être qu’elle est trop grande pour des mariés mais trop petite pour eux. Il sent presque les genoux de Solveig contre les siens, et un instant, alors qu’il repose son portable, il a bien l’impression qu’il va poser sa main sur sa cuisse sans même y penser. Il se retient, au dernier moment, et espère qu’elle ne l’ait pas vu.

« On a rien de prévu demain à part le resto le soir, il paraît. Pour rester crédible en jeunes mariés qui veulent passer le lendemain de leur nuit de noces au lit. » Il voulait le dire d’un ton neutre, mais il a échoué dès le départ, alors il a pris le parti de la moquerie. Pourtant, il ne comprend que trop bien les jeunes mariés, en cet instant, alors qu’il n’a toujours pas relevé les yeux sur Solveig. Il finit son verre d’une traite et se ressert. « Je dormirai sur un des canaps, je voudrais pas t’empêcher de te rouler dans les draps de soie. » Peut être que si, un peu. Il a failli la regarder, mais au lieu de ça, il a arrêté son regard sur ses lèvres, en se souvenant des deux fois où il a pu y goûter. « On est cons, hein ? » C’est moins amusé, cette fois. Plus bas, un peu comme un aveu non assumé. Il ne sait pas bien ce qu’il avoue. Il ne sait pas bien pourquoi il dit ça. L’alcool lui monte un peu trop vite à la tête, et il se dit qu’il aurait sûrement dû arrêter de boire plus tôt, parce qu’il n’arrive plus à quitter ses lèvres du regard, et qu’il la trouve affreusement belle.
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Solveig S. Aresdottir
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29.03.20 19:40


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La ville est moins sombre que Solveig l’aurait cru. Les lumières des rues se reflètent sur les murs blancs, le bruit de l’eau dans les canaux danse avec les voix des promeneurs. Il fait doux, ici, et elle peut se tenir sur le balcon dans sa simple robe blanche sans frissonner. L’alcool la réchauffe doucement alors qu’elle pose ses mains sur la rambarde de pierre et se laisse aller à un soupir alangui. Les mille lueurs dansent devant ses yeux, et quand elle réalise que la tête lui tourne un peu elle fait un pas en arrière et rentre à nouveau dans la pièce tiède. Ses pieds nus s’enfoncent dans l’épais tapis sur lequel gît toujours son jupon de mariage. Machinalement, son pouce gauche fait tourner son alliance que son esprit n’arrive pas à écarter. Si l’anneau est lourd à son doigt, pourtant, c’est plutôt parce que le bijou est large et opulent que pour tout ce qu’il représente. Elle n’arrive pas à y penser ce soir, alors qu’elle continue de le faire rouler sur sa peau fine qui proteste déjà.

L’arrivée de leur bouteille, bien trop grosse pour deux et juste assez pour oublier la journée qu’ils viennent de vivre, interrompt ses tripotements et son visage s’élargit d’un sourire. D’un pas léger, elle se dirige vers la porte, inconsciente du mouvement de sa robe sur ses jambes nues et de son chignon qui commence à tomber. Les yeux déjà brillants d’ivresse et d’attente, elle se saisit des verres, trop consciente de la présence de James à ses côtés, de ses mains immenses qui réceptionnent la bouteille, de son silence dont elle ne sait que faire. L’alcool la rend joyeuse et le mariage triste, et elle commence à réaliser qu’elle n’a plus de contrôle sur la situation. Ce soir, elle n’est plus elle-même — le redeviendra-t-elle jamais ? —, et elle perd conscience de ses actes, de ses décisions. Elle ne sait plus que penser alors qu’elle a survécu à cette journée tant redoutée. Depuis des mois, cette date a été au cœur de ses pensées, au cœur de ses préoccupations. Elle en a rêvé, elle a entendu la voix de James la nuit, son rire et ceux de ses parents. Elle a rêvé qu’on lui coupait les mains, qu’elle perdait sa voix, qu’un rocher se logeait dans sa gorge pour l’empêcher de respirer, qu’il lui faisait courber la tête et avec elle l’échine. Elle a rêvé que James la regardait ployer, manchotte et brisée, et qu’il riait, qu’il riait, et jamais le rire ne s’arrêtait. Parfois, c’était l’enfant qui riait, et la cruauté de son regard pervertissait les quelques souvenirs qu’elle se laissait encore à chérir en imaginant qu’ils avaient été réels. Elle se réveillait en sueur, en larmes dans cet appartement vide où la douceur de Grace et la force de Gud n’avaient laissé que des ombres.

James n’a pas ri devant l’autel, pourtant. Le rire mauvais qui tonnait dans la poitrine de Solveig, ancré en elle par de longues nuits d’angoisse, n’a pas résonné dans la chapelle alors qu’il lui passait la bague au doigt. Cette journée infâme, tant redoutée, les a vus s’apaiser, grandir le temps de quelques heures et se tenir les mains comme des naufragés au milieu de la tempête. Qu’en penser maintenant ? La tempête s’est calmée et a laissé des morceaux du navire sur le rivage, et les deux survivants ne savent que se regarder en chien de faïence, incapables de décider s’ils doivent reconstruire le bateau, s’il le peuvent seulement, s’ils sont échoués ensemble ou si l’île sera trop petite pour eux deux. Les Robinson ont piètre allure et la nuit se referme sur eux.

Solveig n’aurait jamais pensé que leur mariage se déroulerait comme il s’était déroulé. Elle s’était imaginée craquer, pleurer, arracher les mots de sa gorge et se laisser flotter ensuite jusqu’au moment où elle pourrait être enfin seule. Elle s’était imaginée fière et dure ignorer James tant qu’elle le pourrait, guindée dans son armure de glace qu’elle n’aurait plus jamais ôtée. Pas une fois elle ne s’était imaginée prendre la main de James pour le guider et se laisser guider et marcher avec lui, survoler l’épreuve comme s’ils avaient été faits pour cela, comme s’ils rejoignaient enfin leurs destins. Et pourtant, alors qu’elle le regarde faire sauter le bouchon du magnum d’une main experte et qu’elle observe, fascinée et les yeux un peu lourds, le liquide doré couler dans la coupe, elle réalise qu’ils sont là, tous les deux, et qu’aucun n’est encore mort ni même blessé. Ils ont marché ensemble comme des enfants. Elle ne sait pas quoi en faire.

Elle hausse les épaules quand il lui annonce que rien n’est prévu pour eux avant le prochain soir, où ils sont tenus de se présenter au restaurant. Le ton narquois qu’il emploie lui tire un sourire en coin alors qu’elle se demande déjà comment elle va employer le temps infini qui va s’étaler entre leur obligations. James finit son verre en quelques gorgées, et elle ne peut retenir un petit roulement des yeux faussement agacé. Il doit toujours faire le malin. Quand il annonce qu’il dormira dans le canapé, cependant, elle lève vers lui un regard neutre. C’est cohérent. C’est logique. Elle ne veut pas le toucher, la simple idée de le frôler alors qu’elle cherchera le sommeil la fait frissonner. Pourtant, le fait qu’il lui retourne le compliment la vexe un peu. Qu’il soit si prompt a refuser sa couche et à la rejeter si complètement, alors qu’elle avait même envisagé être contrainte d’une manière ou d’une autre d’accomplir ses premiers devoirs maritaux, lui serre un peu la gorge. Toute complicité est bien envolée, alors — si elle en doutait encore. Ses yeux se font plus durs, se teintent d’une once de mépris peut-être ; elle ne les détourne pas et acquiesce sèchement d’un geste du menton. Sous l’impulsion de la colère, elle avale le reste de son verre d’une traite et se ressert.

Elle raterait presque le petit commentaire qu’il fait ; alors qu’elle l’entend, elle en lâcherait presque son verre. Sa main tremblante le rattrape de justesse sans empêcher une petite goutte de champagne de s’en échapper pour rouler sur la paroi extérieure. Pendant quelques secondes, cette petite perle d’ambroisie retient toute son attention alors que son cerveau embrumé essaie de faire sens de ce que vient de dire son mari. En vain. Quand elle redresse le visage vers lui, toute répartie cinglante meurt sur ses lèvres. Le regard qu’il lui adresse la laisse muette et fait monter une vague de chaleur — d’appréhension, d’expectative ? — et elle rajuste sa position sur la chaise. Ses jambes se croisent, se décroisent, heurtent celles de James qui semblent soudain prendre toute la place sous la table si bien qu’elle n’arrive plus à trouver un endroit où elle ne le touche pas. Mal à l’aise, elle secoue doucement la tête pour dégager son visage d’une petite mèche bouclée qui lui chatouillait la mâchoire, se rengorge discrètement, et se perd à nouveau dans la contemplation de la goutte de champagne, arrêtée avant d’avoir atteint le pied du verre. Elle devient soudain la chose la plus fascinante et la plus appétissante de la pièce — à l’inverse de James, qui n’est définitivement pas devenu plus attirant depuis qu’il porte son alliance. Désinhibée par les verres précédents, elle soulève celui-là à la hauteur de sa bouche, et laisse machinalement courir sa langue sur la goutte de champagne perdue, avant de se satisfaire d’une pleine gorgée.

Toi, t’es con. Moi, je vais pouvoir dormir dans des draps de soie.

Sobre, elle aurait réalisé qu’elle venait de le provoquer d’une façon qu’elle n’était pas certaine d’apprécier. Elle se serait rendue compte qu’elle venait de suggérer qu’il était stupide de dormir sur le canapé. Ivre, elle laisse seulement parler la petite voix en elle qui est blessée de son énième rejet, fatiguée de souffrir, fatiguée de lutter, et qui lui souhaite de bien se faire mal au dos à dormir sur le canapé, aussi dispendieux soit-il. Ivre, elle laisse ses jambes douloureuses d’avoir été raidies toute la journée s’alanguir sous la table. Elle ne sait pas à quand remonte son dernier contact humain. A des années, il lui semble. En fait, seulement à quelques heures auparavant, alors que James l’entraînait lors de leur première danse et avant ça quand il l’embrassait avec arrogance devant leurs deux familles réunies. Elle aurait voulu ne pas se rappeler de cela. Maintenant, sa jambe encore à demi recouverte de soie rejoint celle de James sous la table, et elle n’est plus certaine de que le geste soit accidentel.


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James Mörkson
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29.03.20 20:29
Peut être qu’ils ont trop bu tous les deux. C’est ce qu’il devrait se dire, quand il prend note des yeux un peu vitreux de Solveig et de sa manière de marcher un peu maladroite, un peu trop enjouée pour les circonstances. Il devrait, mais il n’y arrive pas, parce qu’il est trop occupé à ne pas penser, ne pas imaginer, ne pas ressentir, ne pas parler. Il devrait, mais il est trop occupé à boire assez pour que l’alcool l’assomme et que la nuit se finisse le plus vite possible, parce qu’il n’a jamais été très discret sur ses envies, ni très doué pour les contrôler, et que ce soir, sans hésitation aucune, il n’a envie que d’elle. Ca le dégoûte, de le réaliser, mais il n’arrive pas à nier l’évidence, cette fois. Elle est loin, l’enfant qu’il admirait, et l’adolescente qu’il trouvait répugnante. Aujourd’hui, en cet instant précis, il n’y a que la jeune femme entourée de soie, celle qui bouge gracieusement mais maladroitement, celle qui sourit un peu et qui joue avec son verre, celle qui lève les yeux au ciel exagérément, celle qui lui a rendu son baiser quelques heures auparavant et qui en avait commencé un le mois dernier. Il n’y a plus que sa femme, et il n’a aucune idée de qui elle est censée être, cette Solveig.

Il finit de parler, et il remarque quelque chose changer, dans la posture de Solveig, dans son regard, dans ses mouvements. Il ne le prend pas en compte. Elle a l’air énervée, mais elle est toujours plus ou moins énervée, Solveig. C’est peut être de sa faute, peut être de la faute de quelque chose de totalement extérieur à eux, ou à lui, en tout cas. Ca a peu d’importance. Qu’elle soit en colère. Qu’elle redevienne celle qu’elle était avec lui avant le mariage, avant les fiançailles, avant la maison en flammes et les aveux sous-entendus. Qu’il puisse la détester une fois de plus. Il recommence un peu alors qu’elle le regarde et qu’il n’a que trop conscience qu’il n’a pas bien réussi à cacher ses pensées d’elle. Il a trop bu pour lui mentir et pour se mentir, et le désir se reflète trop facilement dans ses yeux alors qu’elle a l’air de vouloir se redresser sur sa chaise, alors qu’elle est soudainement rendue mal à l’aise par ce regard, sans doute. Tant mieux. Comme ça, il n’aura plus envie d’elle. Comme ça, tout pourra redevenir comme avant les baisers.

Mais ce n’est pas ce qu’il se passe, et alors qu’il n’a pas réussi à détourner le regard avant, elle récupère la goutte de champagne sur le bord du verre et lui déglutit bien trop visiblement en sentant ses yeux s’écarquiller un peu. Il se sent comme un adolescent, tout d’un coup, à trouver chaque geste qu’elle fait sensuel. Il la déteste, un peu plus chaque seconde, de les faire, sans savoir si elle les réalise, en se disant une seconde que non, et celle d’ensuite que oui, et que c’est juste pour le rendre un peu plus ridicule. Il a envie de l’insulter, mais se contente de serrer sa mâchoire et de tenir son verre trop fort en le finissant de nouveau. Il ne devrait plus boire avec elle, et certainement pas dans ces circonstances. Il ne reste qu’un minuscule fil qui l’empêche d’écouter ses pulsions, et il tremble tandis que l’image du verre repasse en boucle dans son esprit comme un mauvais film. « Génial. » Son mot se meurt dans sa gorge alors qu’il sent la jambe de Solveig contre la sienne, et il imagine sans mal chaque ligne de cette jambe et la sensation de sa peau sous ses mains. Le fil, doucement, se brise.

Il ne se souvient pas s’être levé pour faire le tour de la table, et pourtant, c’est ce qu’il a fait. Sans vraiment prendre le temps de réfléchir, en une respiration, il a fait grincer la chaise sur le parquet, a poussé la table pour s’aider, et a rejoint Solveig en quelques enjambées. Sa main est dans sa nuque avant qu’il ne le réalise, et il a pris ses cheveux entre ses doigts pour lui tirer le visage en arrière et écraser ses lèvres sur les siennes. C’est violent, désagréable, c’est une attaque, et il a vite fait de transformer le baiser trop passionné en excuse pour lui mordre la lèvre jusqu’au sang en tirant encore sur ses cheveux pour la pousser à se relever, pour poser une main sur sa taille et enfoncer ses doigts dedans autant que possible. Elle a cherché. Peut être. Peut être pas. Peut être qu’il écoute simplement son esprit tordu et qu’elle va se libérer en lui mettant une claque, mais ça importe peu en cet instant, en cet instant où il la sent contre lui, et où pour une fois, il n’a aucune raison d’arrêter.

Le baiser s’envenime un peu plus, et il ne sait plus vraiment s’il la mord ou s’il l’embrasse, mais il sait que ses doigts sont remontés pour s’enfoncer dans ses côtes, et que les autres ont quitté ses cheveux pour se poser sur sa gorge trop blanche et trop fine. Il ne réalise pas bien ce qu’il se passe, et il n’est pas sûr de pouvoir mettre cela sur le compte de l’alcool. Il a juste conscience de sa peau et de ses mains, de son odeur et de son souffle, et d’une envie de la détruire qui ne ressemble en rien à celles qu’il avait connues jusqu’à maintenant. C’est une vengeance, quelque part, qui se rapproche de celle qu’il avait instiguée des mois et des mois auparavant, avant tout cela, au beau milieu d’un coffee shop – c’est un baiser dans lequel pèsent des années de haine et des années de regrets, c’est des contacts qui veulent marquer au fer rouge, c’est possessif et colérique. Quand il se sent la plaquer contre le mur le plus proche, il a simplement conscience du fait que ça lui fait affreusement de bien, de pouvoir mettre sa haine au service de son désir pour elle, de pouvoir la blesser et voir toute sa prestance tomber en lambeaux à ses pieds.
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03.04.20 13:59


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How do we forgive ourselves for all the things we did not become ?




C’est comme tourner dans une grande avenue. Quitter une ruelle étroite et familière dont les hauts murs coupent le vent, et où l’air stagne un peu si bien qu’on ne le remarque plus. Quitter la ruelle et tourner dans la grande avenue et se laisser surprendre par une bourrasque, faire un pas en arrière devant la violence du souffle et fermer les yeux quelques secondes pour se laisser porter avant de reprendre ses esprits. C’est la sensation que décrirait Solveig si elle était à même de penser alors que le corps de James rejoint le sien et que ses doigts s’emmêlent dans ses cheveux. Le monde tourne alors qu’il renverse sa tête en arrière mais elle n’a pas le temps de grimacer. La tempête la soulève et les lèvres de James viennent s’écraser sur les siennes si fort que leurs dents s’entrechoquent et qu’elle aura sûrement un bleu le lendemain.

Un gémissement quitte sa gorge blanche alors qu’il la mord trop fort et qu’un goût métallique emplit sa bouche. Incapable d’analyser la situation, de se rendre compte que c’est James à qui elle fait face, elle remonte instinctivement ses mains jusqu’à ses poignets, les serre de toutes ses forces sans parvenir à décider si elle veut le repousser ou l’attirer un peu plus contre elle. Le vent attise les braises et un incendie ravage son corps alors qu’elle se bat contre son ennemi de toujours pour qu’il la lâche, qu’il laisse sa lèvre meurtrie, tout en sachant qu’il ne le fera que quand il l’aura décidé.

Le cri de douleur se meut en gémissement d’extase sans que Solveig ne puisse le retenir alors que James vient enserrer sa gorge. Elle doit fermer les yeux et retient un hoquet, tente de reprendre ses esprits et de dissiper la brume d’alcool et de désir qui flotte autour de sa tête. Il pourrait la tuer là, maintenant ; elle sent sa rage, sa haine, elle sent le feu qui l’embrase à elle se répandre en lui à travers chacune des cellules de la peau qu’il touche. Elle le sent perdre le contrôle et une partie d’elle rue et se tord comme un cheval en colère, habitée par le besoin vital de reprendre les rênes, de lui faire lâcher prise, de le piétiner jusqu’à ce qu’il demande grâce. Peut-être le champagne a-t-il fait taire l’équidé fou, parce que seule reste la langueur et la mélancolie, et la sensation profonde de le laisser faire justice alors qu’elle l’a tué un peu en le laissant tomber. Tiraillée, Solveig ne peut que se raccrocher à ses poignets, à ses cheveux, et mordre à son tour tout ce qu’elle peut toucher alors qu’il la soulève de sa chaise et du sol pour la coincer entre le mur et lui.




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Le gémissement enragé envoie un frisson le long de sa colonne vertébrale, et quand il sent les mains sur ses poignets, il lui semble qu’il ne met qu’un peu plus de force dans l’échange, de peur qu’elle ne le repousse avant qu’il n’ait eu le temps de vraiment l’embrasser, avant qu’il n’ait pu la toucher. Elle le détestera sans doute un peu plus, après ça, mais ça importe peu. Il arrêtera avant de vraiment lui faire du mal. Il ne pourra sans doute pas, de toute façon. Peut être qu’elle est plus forte que lui. C’est probable. Il la dépasse, mais son corps est loin d’être fort, alors qu’elle est toujours aussi guerrière qu’elle l’a toujours été. Alors elle le repoussera, mais pas avant qu’il ait été aussi loin que possible. Aussi loin qu’elle le voudra bien, au fond.

Mais le gémissement devient autre chose, et lui fait un peu plus perdre contact avec la réalité quand sa main serre un peu plus la gorge fine, quand il sent une morsure qui lui arrache un grognement qui sonne plus comme du plaisir que de la douleur. Il se venge, et elle le sait, mais pourtant, elle ne l’a toujours pas repoussé. Et la rage ne fait que grandir jusqu’à l’étouffer, jusqu’à guider ses moindres actions, jusqu’à rendre prisonnier son corps entre le mur et lui-même. Il n’y a plus de règles. Aujourd’hui, tout est permis. Parce que c’était censé être le plus beau jour de leur vie, et qu’ils l’ont passé à retenir des larmes et des cris. Parce qu’elle l’a regardé comme elle le faisait quand ils étaient enfants, et qu’il ne veut pas y penser. Parce qu’elle est brûlante, et qu’il a toujours été irrémédiablement attiré par les flammes.

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Il se passe de longues minutes alors qu’il s’est laissé tomber dans ses bras, occupé à aspirer son odeur comme s’il était incapable d’imaginer sa vie sans désormais, avant qu’il ne réussisse à esquisser le premier mouvement d’éloignement. Quand sa tête rencontre l’oreiller à côté du sien, sa main se pose presque machinalement sur la taille de Solveig, et il sursaute presque en la retirant, comme si tout à coup, il réalisait ce qu’il se passait. Alors plutôt que de réellement y faire face, il se concentre sur les effluves d’alcool restantes, même si elles sont affreusement minimes depuis les larmes, il lui tourne le dos, et il ferme les yeux. Il ne dort pas tout de suite, pourtant. Une larme prend son temps pour s’évader de sous sa paupière et jusqu’au coussin, et pendant ce qui lui semble être des heures, il a envie de dire quelque chose, de parler, de crier, de s’exprimer d’une façon ou d’une autre. Mais les masques sont tombées, et il ne sait plus parler avec sa propre voix, alors il garde le silence, peut être à jamais.

Quand ses yeux se rouvrent, il n’a pas l’impression de les avoir déjà fermés. Sa main a pourtant retrouvé la taille de la brune, et son autre bras s’est enroulé autour d’elle pour la maintenir contre lui. Il se réveille avec le nez dans ses cheveux, son odeur le rendant de nouveau ivre, ou quelque chose qui y ressemble fort. Pendant une minute, il refuse de se souvenir, mais son corps fait le travail à sa place, et une bouffée de chaleur le prend alors que la proximité du corps et les rappels de la veille font leur effet sur son anatomie. Alors il se détache, doucement, le plus discrètement possible, pour ne pas la réveiller, pour ne pas risquer de devoir affronter son regard, et il se glisse hors du lit et dans la salle de bain.

Il y reste bien plus longtemps qu’à son habitude, l’eau gelée puis brûlante sur sa peau ne l’aidant malheureusement pas à mettre de l’ordre dans ses idées. Il vaut sans doute mieux faire comme si de rien n’était. Peut être que ça ne risque pas d’arriver de nouveau. Peut être que si. En caressant la marque d’ongles sur son épaule, il espère que si. Pourtant il lui semble impossible de pouvoir continuer cela sans perdre en haine, en rage, en rancœur. Mais tant qu’ils ne parlent pas, tout devrait bien se passer. Tant qu’ils ne parlent pas, ils ne peuvent pas risquer de démasquer l’autre, ils ne peuvent pas risquer de voir la vérité, et eux-mêmes, en face. Peut être que tout simplement, pour la faire taire, il pourra l’embrasser au lieu de la mordre, ou faire les deux en même temps, maintenant.
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29.07.20 22:06


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Le temps s’étire alors qu’elle ne sait plus où commence la peau de James et où finit la sienne. Elle cherche à retrouver son souffle, son âme, et James lui a tout pris. Elle agrippe son corps comme un naufragé retient son radeau, sans arriver à savoir si elle le retient pour lui montrer qu’elle tient encore les commandes ou si elle refuse de le sentir s’éloigner parce que rien n’a jamais semblé si juste que ces quelques secondes. Les larmes roulent sur le côté de son visage, se perdent dans ses cheveux, sans qu’elle ne s’autorise les sanglots qui ravageraient son corps. Elle sent la migraine monter à ses tempes, les muscles de son corps devenir douloureux et bientôt elle tremble un peu, épuisée par la myriade de sensations qui la traversent. James est toujours sur elle, contre elle, en elle, et les secondes s’égrènent alors qu’elle réalise qu’ils n’ont jamais été aussi en danger.

Elle n’a jamais été si nue devant lui. Jamais n’a-t-elle pleuré devant lui, jamais n’a-t-elle prononcé son prénom avec tant de passion, tant de sentiments, tant de sens refoulé. Elle se sent se perdre dans tous les souvenirs qu’elle avait enterrés, dans toutes les questions qu’elle s’est toujours posées, dans toutes les pensées qu’elle a toujours repoussées. Elle réalise qu’elle ne peut voir un après, qu’il n’y aura plus de retour en arrière, que ce soir Solveig a fait l’amour à James - où bien était-ce l’inverse ? - et que sûrement aucun d’entre eux deux n’est dupe et qu’ils devront décider de ce qu’ils font de ça quand le soleil se lèvera. Et comme ça, le sentiment de plénitude qui l’emplissait s’envole et elle sent la douleur exploser sous son front. Demain, tout est fini. C’était leur première nuit, et elle sait que ce sera la dernière. Que demain rien n’aura existé. Que les masques seront remis en même temps que les sous vêtements et qu’ils devront se haïr plus qu’ils ne l’ont jamais fait pour rembourser ces quelques instants de justice volés.

Juste quand elle se rend compte de tout cela, James bouge au dessus d’elle et finit par s’éloigner. Elle n’avait jamais pensé que sa peau pouvait lui faire si mal, et pourtant chaque parcelle de son corps souffre du vide qu’il laisse derrière lui. Elle fixe le plafond, loin au dessus d’elle, incapable de le regarder. L’odeur de son époux se dissipe et elle reste partout à la fois, trop proche et trop loin et pour la première fois de sa vie Solveig regrette de respirer encore. Instinctivement, elle se recroqueville sur elle-même, les pensées troublées par la migraine qui ne la quitte pas. Quand James vient poser sa main sur sa taille, elle sursaute. Un mouvement de recul peut-être - de surprise en tout cas. Elle a envie de hurler. Ne me touche pas. Touche moi. Et puis il lui tourne le dos.

Solveig garde le silence. Tout son corps la brûle. Elle n’arrive pas à arrêter de pleurer. Elle voudrait hurler, le secouer, ou juste dire quelque chose, murmurer un mot, une idée, une chanson, n’importe quoi plutôt que ce vide insoutenable. Elle ne dit rien. Elle compte les respirations de James à côté d’elle, le supplie en silence de dire quelque chose, de faire quelque chose, de lui tendre quelque chose, n’importe quoi, une opportunité de redevenir vivante, de redevenir humaine. Une, deux, trois, quatre, ... À la quatre cent dix septième, elle est presque sûre qu’il dort. Alors elle s’extirpe silencieusement du lit, ivre de tout sauf de bonheur, et elle se dirige vers la salle de bain.

Elle comptait seulement procéder à une toilette sommaire. Faire un tour sur les toilettes, quelques ablutions rapides avant de rejoindre le lit marital ou peut-être le canapé de l’entrée. Quand elle allume la lumière, pourtant, elle a à peine le temps de croiser son reflet dans le miroir qu’elle fond en sanglots. Ses genoux heurtent douloureusement le sol et ses bras mêmes cèdent sous son poids alors que des soubresauts incontrôlables secouent son corps. Elle pleure d’autant plus qu’elle ne sait pas pourquoi elle pleure. Elle se déteste. Elle déteste tout. Elle déteste James, elle déteste sa vie, elle déteste ce mariage et cet appartement stupide et Venise et le champagne et ses cheveux ébouriffés, sa robe froissée et toutes ces marques rouges qui constellent sa peau. Les carreaux frais ne sont qu’un maigre réconfort. Le sang bat à ses tempes et elle se sent sale, seule. Elle redevient l’enfant qu’elle avait étouffée, celle qui pleure la perte de son binôme de toujours et reste tétanisée à l’idée de voir le lendemain. Celle qu’elle méprisait assez pour lui mettre le feu et devenir la jeune femme que tout le monde connaît.

Quand elle n’a plus de larmes, qu’elle rejoint enfin propre et rafraîchie dans le lit où James dort en silence, elle s’oblige à ne pas le regarder. Elle passe devant lui en fixant la moquette, se glisse sous le drap en espérant être la plus discrète possible et s’endort à l’autre bout du matelas. Un contact de sa peau sur la sienne, sûrement, mettrait le feu aux poudres.

Elle ne s’endort pas. Elle compte les respirations de James, encore, et arrivée à mille elle revient au début. Elle tourne et se retourne, fixe le plafond puis la fenêtre puis l’oreiller, soupire et enrage puis sombre dans une langueur insupportable qui voit s’égrener les secondes à la fois très vite et trop lentement. Elle compte au delà de mille. Mille cent quatre-vingt trois, mille cent quatre-vingt quatre, mille cent quat- et James se retourne, enroule son bras immense autour d’elle avec un soupir de satisfaction. Elle se raidit, envisage de se dégager et il l’attire contre lui, se colle tout contre elle, glisse son nez dans son cou, dans sa nuque, dans ses cheveux. Elle se dit qu’il va s’étouffer, qu’elle le trouvera roide le lendemain matin. Elle ne bouge pas. Elle ne peut pas. Il la serre trop fort. Mille cent quatre vingt cinq. Mille cent quatre vingt six.

Le jour se lève quand elle ferme enfin les yeux. Épuisée par l’effort et la douleur, elle ouvre les paupières qu’elle venait de rabattre quand le poids de James derrière elle s’en va. Elle retient son souffle, reste parfaitement immobile. L’écoute s’en aller et rentrer dans cette même salle de bains qui fut le théâtre de sa déchéance quelques heures plus tôt. Quand l’eau se met à couler, elle se lève enfin.

Ses gestes sont raides, mécaniques. Elle s’assoit au bord du matelas, se rend compte qu’elle porte toujours sa robe. Elle se demande si celle-ci s’en remettra. Probablement pas. La gorge sèche, la bouche pâteuse, elle se dirige d’un pas incertain vers la cuisine. Finalement armée d’un verre d’eau, elle rejoint la table qui a vu naître leurs ébats de la veille pour y récupérer son téléphone. Encore à côté d’elle-même, elle se trompe de téléphone et saisit celui de James.

Sur l’écran, douze messages non lus. Trois appels manqués. Tous sont issus de Mörk. Elle aurait voulu reposer l’appareil, ignorer ce qui ne la concerne pas. Mais les messages s’affichent sous ses yeux, impudiques, provocants, et elle n’a pas le temps de reposer le téléphone que déjà son cerveau imprime ce qu’elle y voit.

Tu lui as dit ?
James ?
Dis lui.
Elle doit savoir.
James !
Très bien. Je m’en occupe.


Un goût âcre prend place dans sa gorge. Un terrible pressentiment coule le long de sa nuque alors qu’elle dirige une main fantomatique vers son propre téléphone. Sur l’écran, un appel manqué, deux messages. Mörk. Le premier message est long. Elle le parcourt en diagonale. Solveig, il faut que tu saches, bla-bla-bla, tu trouveras ci-joint le document en question, bla-bla. Elle ouvre la pièce jointe. S’affiche ainsi un avis médical.

Il est daté d’il y a longtemps. Des années. Il est au nom de James, et elle doit le relire plusieurs fois avant de saisir ce qu’on lui annonce. Les mots sont là, noirs sur blanc. Psychopathie clinique.

Elle ne remarque pas que l’eau a cessé de couler. Elle sursaute quand la porte de la salle de bain s’ouvre. Quand elle lève les yeux vers James, il lui semble que le regard qu’elle lui lance en dit peut-être encore plus que ce que leur nuit passée a révélé. Ça explique tout. Elle ne peut décrocher un mot. En silence, elle pose son téléphone encore allumé à côté de celui de son mari. En silence, elle marche vers la salle d’eau, décidée à reprendre une douche. Quand elle passe à côté de James, elle effleure sa main, hésite a la prendre dans la sienne, se contente d’une brève caresse avant de fermer la porte derrière elle. Ça ne change rien. Ça explique tout.


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30.07.20 21:32
Il ne l’a pas entendue pleurer. Peut être qu’il l’a sentie, quelque part. Peut être que c’est pour cela qu’il avait si froid, et qu’il a l’impression d’avoir si mal dormi tandis que l’eau gelée coule sur son crâne. Il n’a pas l’impression de pouvoir encore pleurer, lui. Il se sent vide, affreusement vide, comme si hier soir avait ruiné tous ses efforts à feindre la bonne humeur et qu’il fallait qu’il reconstruise tout son masque depuis le début, comme s’il était revenu à la case départ et qu’il devrait encore passer des heures face au miroir à essayer de sourire. Il n’arrive plus à s’empêcher de penser, et pourtant il ne lui semble pas qu’il pense à quoique ce soit. Il se dit qu’elle l’a vu dans un état de faiblesse qu’il ne pensait pas pouvoir encore atteindre en tenant debout, puis se souvient qu’elle aussi, et l’idée passe. Il n’a pas honte. Il sait qu’il devrait se sentir seul, sale, humilié, mais il se sent simplement vide, et il ne sait pas quoi en faire. Il s’asseoir dans la douche, et joue à frapper doucement l’eau qui coule devant lui avec le plat de sa main. Rien ne sera plus jamais comme avant.

Est-ce que c’est une mauvaise chose ? Il avait dû s’avouer qu’il l’avait toujours détestée, mais qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer, alors qu’il murmurait la première supplication. Peut être qu’il ne voulait pas se battre contre elle. Peut être qu’il ne savait pas comment s’empêcher de le faire, aussi. Rien n’a beaucoup de sens, ce matin. Il lui semble l’entendre sortir du lit et marcher, mais il ne réagit pas. Il est en sécurité, sous l’eau. Il n’a pas besoin de la regarder. Peut être qu’il devrait attendre de voir ce qu’elle décide. Peut être qu’il devrait la laisse choisir. Mais pourquoi est ce que ce serait à elle de choisir ? Pourquoi est ce que ce serait à elle d’avoir le contrôle sur leur avenir ? Non. Il allait remettre le masque. Il allait le reconstruire en se lavant, sourire au miroir, et sortir de la pièce. Il allait faire comme si la veille ne s’était pas passée, tuer sa journée, et prétendre sa soirée. Il allait reprendre sa vie comme si de rien n’était.

C’est plus rapide qu’il ne le pensait, malheureusement. Il s’est vu dans le miroir, et son sourire ne lui a même pas paru convainquant. Il n’arrive pas à faire briller ses yeux. Avec un soupir affreusement triste, il a fouillé les poches de son pantalon, mais rien. Pas de poudre blanche, pas de pilules, pas même une flasque ou une cigarette. Il a tout laissé avec ses vêtements propres, de l’autre côté de la porte. Quel imbécile. Le pantalon est envoyé au sale, avec le reste, et il hésite un instant avant d’attacher une serviette autour de sa taille et de trouver ça un peu idiot. Il n’a jamais été du genre pudique, pourtant, l’idée de se pointer sous les yeux de Solveig nu le met mal à l’aise, sans doute parce qu’elle a déjà vu bien plus intime la veille, et malgré le fait qu’ils aient de toute façon déjà couché ensemble. Peu importe. Il passe une main dans ses cheveux en prenant une grande inspiration, rassemble tout son courage, et ouvre la porte.

Quand son regard tombe sur Solveig, il a tout imaginé. Il a imaginé qu’elle l’insulte, qu’elle l’ignore totalement, qu’elle évite son regard, qu’elle pleure de nouveau. Il savait qu’il réagirait instantanément de la même façon, dans tous les cas, sans doute. Mais les pupilles sur lesquelles ils tombent l’arrêtent en chemin, et il sent son cœur accélérer sans comprendre pourquoi, et son corps se figer. Quelque chose ne va pas. Quelque chose ne se passe pas comme prévu. Ses sourcils se froncent, et il ne comprend que ce qui fait battre son cœur si vite est la peur que quand le bruit du téléphone reposé résonne dans la pièce. Son regard lui crie quelque chose, et il n’arrive pas à l’interpréter, mais il a finalement l’impression d’être plus nu que la veille. Il ne la suit plus des yeux, quand elle passe à côté d’elle sans dire un mot, mais retient au dernier moment un haut-le-cœur ou un sanglot quand il sent sa main frôler la sienne. Quelque chose, dans son corps, a compris, alors que lui est encore incapable de faire le lien.

Elle disparaît, et lui bouge de nouveau. D’un mouvement sec, nerveux, il rejoint la table où leurs téléphones sont posés, regarde le nombre de notifications sur le sien, le nom maudit qui y flotte, et lentement, comme pour repousser l’inévitable, son regard se déplace jusqu’à l’écran de Solveig, et l’avis médical qui y brille de mille feux. Il doit se tenir à la table pour ne pas s’écrouler sur le coup, alors que finalement, en plaquant sa main sur sa bouche, il réalise qu’il lui restait bien des larmes à verser. Pendant quelques secondes, il oublie le regard et la main qui le touche. Pendant quelques secondes, le cauchemar qu’il a vu tant de fois se dérouler se réalise enfin, et elle a fermé la porte, elle lui a tourné le dos, elle est partie, et c’est pour toujours, cette fois, parce qu’elle sait, parce qu’elle a compris, parce qu’elle ne veut pas avoir à faire à lui, parce qu’elle a peur, finalement. Tout compte fait, elle était toujours là. Malgré tout ce qu’il avait pu penser, malgré la haine qu’il avait contre elle depuis toutes ces années, elle avait toujours été là. Si elle ne pouvait pas être l’amour de sa vie, elle en serait sa némésis. C’est ce qu’il s’était dit. C’est ce qu’ils s’étaient dit. Parce qu’elle ne savait pas. Mais plus maintenant, alors.

Il se laisse glisser au sol le plus doucement possible, et c’est au moment où il tente d’étouffer un sanglot avec son autre main qu’elle le lance, comme pour lui rappeler qu’elle est simplement sous la douche, comme pour lui signaler que rien de ce qu’il imagine ne s’est réellement passé. Et peu à peu, son souffle se calme. Peu à peu, il réalise qu’il s’est replié sur lui-même et que les larmes ne parviennent plus à couler, laissant sa cage thoracique convulser dans le vent. Peu à peu, il comprend. Elle n’est pas partie, justement. Elle l’a regardé, elle a compris, elle sait, et elle a tenu à le toucher, alors qu’elle n’aurait eu aucune raison de le faire autrement. Sa gorge se serre, alors qu’il réalise ce que cela est censé vouloir dire. Elle ne serait pas partie, à l’époque, non plus. Elle aurait peut être accepté de le prendre dans ses bras, s’il avait réussi à le demander, plutôt que de refuser sa main tendue. Il y serait peut être toujours.

En tremblant un peu, il se relève en essuyant ses larmes avec le dos de sa main, et il se dirige vers la salle d’un bain d’un pas hésitant qu’il ne se connaît pas. L’eau ne coule plus, déjà. Il est sans doute resté au sol plus longtemps qu’il ne le pensait. Mais il ne réalise plus vraiment ce qu’il fait, alors qu’il ouvre la porte, alors que Solveig se tient, dos à lui, devant le miroir. C’est là qu’il réalise que sa serviette est restée sur la moquette, elle, et qu’ils sont nus, tous les deux, comme des imbéciles dans cette pièce embuée. Mais il ne dit rien, et il soutient un instant le regard qu’il voit dans le miroir avant de se rapprocher.

La main qui se pose sur sa taille est craquelée, brûlée, mais elle n’a jamais été aussi tendre. La pression qu’il y applique pour qu’elle se retourne vers lui non plus. L’autre passe sur la joue de Solveig quand elle obtempère, puis glisse dans ses cheveux alors qu’il vient poser un baiser sur ses lèvres qui lui retourne l’estomac tout en y envoyant un million de papillons, ou de vers, il ne sait pas vraiment. C’est tendre, trop tendre, bien trop tendre pour eux, mais il n’arrive pas à s’en empêcher alors qu’une voix dans sa tête lui murmure qu’elle est là, qu’elle reste, qu’elle serait restée, s’il l’avait laissée, peut être. Et si sa main quitte ses cheveux, c’est uniquement pour se poser sur sa taille elle aussi, pour la porter et l’asseoir sur le lavabo, pour se placer entre ses cuisses sans rompre le baiser et laisser son corps décider à sa place. Ses mains se font caressantes et ses baisers plus profonds, mais rien n’est pressant, et tout est plus tendre qu’il ne pensait pouvoir l’être. Il n’arrive plus à réfléchir, de toute façon. Qu’elle le repousse, si elle le souhaite. Lui a l’impression d’avoir tout le temps du monde avant de remettre le masque. Et peut être qu’elle mérite un pardon, même s’il n’est pas prononcé.
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28.09.20 15:14


Devour me, if you really think that you can stomach me



How do we forgive ourselves for all the things we did not become ?




Lui toucher la main, c’est se crever le cœur. Elle aurait voulu lui dire tant de choses. Elle aurait voulu les lui dire des années auparavant, elle aurait aimé voir, elle aurait aimé savoir. A la place elle ne découvre ça que maintenant, son diagnostic qui a été donné si longtemps auparavant et qu’on lui a dissimulé ; elle n’apprend qui est son mari qu’après l’avoir épousé. Et puis qu’est-ce que ça change, au fond ? Ca aurait pu tout changer il y a vingt ans. Elle aurait pu garder sa main dans la sienne à ce moment-là, la garder pour toujours et elle l’aurait gardé lui et elle aurait peut-être vécu les plus belles années de sa vie. Il n’y avait que lui qui savait réchauffer l’intérieur de sa poitrine comme il le faisait. Aujourd’hui, ça ne change plus rien du tout. Aujourd’hui elle ne peut que le frôler en silence, l’aimer d’une caresse dans toute sa différence, dans toute leur peine.

Et puis ses pieds heurtent le parquet tiède et leurs mains se séparent et elle doit se couper de lui une fois encore en refermant derrière elle la porte de la salle d’eau. Le carrelage est froid, un peu — surtout, la buée brûlante que James a laissée derrière lui l’étouffe un peu, à moins que ce ne soit la découverte qu’elle vient de faire ou le regard qu’il lui a lancé, leurs mains qu’ils n’ont pas su nouer, les sourires qu’ils ne se font plus, leurs rêves d’enfants qu’ils ont tués, les années ensembles qu’ils se sont volées — tremblante, elle se rue sous la douche et fait couler l’eau trop chaud, trop fort. Elle se jette dessous avec un gémissement et fait taire la douleur de son cœur avec la douleur de sa peau. Ses jambes se coupent et elle doit s’accroupir, et ses cheveux se collent à son visage alors qu’elle murmure le nom de son époux comme une litanie. Elle s’en étoufferait de peine et de regrets. Elle l’a laissé seul. Il l’a laissée seule. Et pour quoi ? Pour un secret qui n’aurait pas dû en être un. Pour une évidence qu’aucun d’eux n’a su voir. Comme dans les tragédies grecques qu’elle adore autant qu’elle les abhorre, les deux amis d’amour ont été séparés par un destin implacable. Le sort est cruel avec ceux qui s’aiment.

L’eau chaude l’emplit jusqu’à ses poumons, la pénètre par toutes les pores de sa peau alors qu’elle ne sait pas si elle veut se laver de James ou s’emplir toute entière de lui. Bientôt la chaleur est insoutenable et ses mains tremblantes ferment complètement le robinet rouge. Le jet glacial lui tire un sursaut de déplaisir et elle doit s’en écarter — mais il faut faire taire le feu. Il faut apaiser les maux de l’enfance qui vont la dévorer toute entière alors que son monde s’écroule et que James ne la détestait pas. Elle laisse sa peau rougie dégonfler alors qu’elle la frotte de tous les produits moussants qu’elle peut trouver. Elle n’arrive pas à se pardonner. Elle n’arrive pas à se pardonner d’avoir laissé le petit James seul. Elle aurait dû voir. Elle aurait dû savoir. Il aurait dû lui dire. L’adolescence était vraiment l’âge le plus bête.

Quand elle sent finalement plus de huit parfums différents et que ses dents se mettent à claquer entre elles, que ses lèvres sont probablement bleues et qu’elle a tellement la chair de poule qu’elle ne sait plus si elle a fait un gommage ou non, elle coupe l’eau. Elle reste là un peu, tremblante et nue dans la cabine de douche, se repaît du silence de l’eau qui s’est tue avant d’ouvrir les yeux dans une grande expiration. Ses doigts s’emmêlent dans ses cheveux trempés alors qu’elle les essore, sûrement plus dans une tentative d’arrêter le tremblement de ses mains que de réellement se défaire de l’humidité qui y reste.

Devant le miroir, comme mille fois auparavant elle évalue la catastrophe. Elle a les yeux rougis d’avoir pleuré, les joues cramoisies et les lèvres gonflées. Elle passe de l’eau froide sur son visage, comme si cela pouvait changer quelque chose, comme si elle ne venait pas déjà de se submerger d’eau gelée comme pour se voir rétrécir, rabougrir et disparaître. Et puis elle se fixe. Elle plonge son regard dans celui de la Solveig en face d’elle, et elle peine à se reconnaître alors qu’elle regarde cette femme qui a le regard de celle qui sait, de celle qui a compris. Elle est face à elle-même et face à une étrangère, face à celle qui a épousé James et qui vient de comprendre qui il est, celle qui sait pourquoi il est parti et qui s’emplit du désespoir qu’elle a apprivoisé pour le changer à un incendie rageur. Elle a les yeux qui brillent au fond, et peut-être qu’elle sourit un peu. Solveig ne la reconnaît pas. C’est elle, pourtant, maintenant.

Elle ne sursaute pas quand la porte s’ouvre doucement derrière elle. Elle ne quitte pas des yeux son reflet dans la miroir alors que la silhouette également nue de James se dessine derrière elle, se rapproche ; alors que son corps effleure le sien et que déjà sa peau gémit d’envie de le toucher un peu plus. Elle ne pose le regard sur lui que lorsqu’il pose une main sur elle — celle qu’il a brûlée, bien sûr, celle qui lui fait mal parce qu’il lui rappelle chaque jour l’échec qu’elle a été en tant que pirate, en tant qu’amie, en tant qu’amour. Elle ne l’a blessé pas aujourd’hui, pourtant, parce que quand James la pose sur elle elle n’a jamais été empreinte d’autant de douceur. Elle se laisse guider vers lui jusqu’à lui faire face, relève vers lui un regard tendre comme ceux qu’elle ne se rappelait plus pouvoir faire. Est-il face à la fille du miroir ? Il lui semble qu’il ne pourrait pas se moquer, à cet instant, de ses yeux abîmés de peine et de ses cheveux emmêlés de rage.

Leurs lèvres se joignent avant tant de douceur que Solveig pourrait avoir l’impression de rencontrer quelqu’un de nouveau si ça ne lui était pas si naturel. Son ventre fourmille et elle perd sa respiration. Ils se sont embrassés la veille, ils  se sont embrassés sur l’autel, et c’est pourtant comme si c’était la première fois qu’ils s’embrassaient. Comme si la dernière pièce du puzzle avait pris place dans le labyrinthe du James qu’elle avait en face d’elle et que le fil d’Ariane lui apparaissait maintenant, luisant d’or jusqu’au fond d’eux-mêmes. Elle le laisse la toucher, la découvrir, alors qu’elle lui en a refusé l’accès la veille. Elle frémit sous ses mains qui la touchent, qui l’enserrent, soupire sous ses lèvres, oublie tout ce qui n’est pas lui et maintenant.

Elle remarque à peine qu’il la dépose sur le lavabo, qu’ils sont toujours nus et brûlants, qu’il l’embrasse encore alors qu’il ne leur avait toujours fallu que quelques secondes pour se consumer. Pour la première fois, l’âtre dans sa poitrine ronronne au lieu de rugir. Il s’étire et se pâme et elle fait glisser ses mains sur James, sur son visage, sur son cou sans réprimer les réactions de son corps à la situation. Elle pensera plus tard. Elle regrettera plus tard, peut-être, quand il la rejettera encore, quand il se moquera encore de sa faiblesse et qu’il révèlera son nouveau jeu malsain. Pour l’instant elle l’embrasse comme si c’était sa dernière raison d’exister, et peut-être que ça l’est un peu finalement.


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James Mörkson
James Mörkson
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18.10.20 1:03
C’est un moment qui semble hors du temps, hors des normes, hors de la réalité, et pour la première fois, il lui semble qu’il n’aurait besoin d’aucune drogue, d’aucune boisson, d’aucune illusion, d’aucun contact, pour se sentir en paix. Tout est trop étrange, se déroulant comme dans un rêve, comme si ça ne pouvait pas être autrement, comme la fin heureuse d’un film qui a pourtant tant de choses encore à dévoiler. Mais ce n’est pas leurs fins, parce qu’ils existent réellement, et que la vie reprendra le dessus quand la buée se sera évaporée, et ça importe peu, et il n’est pas sûr de le réaliser, tant qu’elle est là et qu’elle se retourne et qu’elle le regarde avec ses cheveux en bataille et ses yeux rougis par les larmes. Elle a pleuré, et il n’a qu’une seconde d’hésitation, une seconde où sa main se détache un peu du corps trop doux et où il hésite à reculer en se disant que c’est de sa faute, avant de voir la tendresse dans ses yeux et de sentir sa gorge se serrer. Il a envie de le serrer contre lui et il a envie de la rendre heureuse et de lui faire plaisir et de lui donner quelque chose, n’importe quoi, pour qu’elle sache qu’il s’en veut de ne pas avoir réalisé avant comment elle réagirait, ne pas avoir réalisé qu’elle ne réagirait pas. Mais il ne sait pas dire des vérités, et s’exprimer sans illusions, et il ne veut pas faire un dessin, et tout ce qui lui semble logique, c’est de la toucher, de la sentir, de la caresser, et d’oublier toutes les fois où il n’a pas pu le faire en se rachetant, en la rachetant, avec celle là.

Pour ce qui est sans doute la première fois de sa vie, il lui semble que la pulsion peut être ravalée, que tout ne doit pas brûler et se consumer vite pour faire fondre la glace et chasser le froid, même pour une seconde, au moins pour une seconde, rien qu’une seconde. Parce qu’alors qu’il sent sa peau sous ses mains, alors que leurs corps se rapprochent, alors qu’elle se met à le toucher aussi et qu’il sent une main sur sa joue qui n’y a jamais perdu sa place, il n’a absolument pas froid, même nu dans la salle de bain pleine de buée. Il ne brûle plus de la passion dévorante et angoissante de la veille, n’est plus désespéré d’un contact, d’un coup ou d’un baiser, d’une preuve de présence, n’importe laquelle. Tout n’est plus que douceur et tendresse, et peut être qu’ils essayent de se réparer inconsciemment, peut être qu’ils se demandent pardon, peut être qu’ils se disent merci.



Il n’hésite pas vraiment, une fois de retour face à elle, à reprendre place entre ses jambes pour passer ses bras autour de sa taille, pour l’attirer contre lui en se penchant pour enfouir son visage dans ses cheveux, en ne la relâchant que pour saisir sa main et la mettre dans ses cheveux à lui avant de la serrer dans ses bras de nouveau. Naturellement, comme s’il n’avait jamais oublié, tout son corps se détend, et il flotte dans l’odeur de Solveig et celle des trop nombreux parfums comme si rien ne s’était jamais passé, comme s’ils n’avaient jamais quitté le jardin et la cabane et les jeux d’enfance. Il sent une larme couler sur sa joue, de nostalgie sans doute, mais il la laisse faire, parce que de toute façon il est caché, il est à l’abris, et rien ni personne ne pourra lui faire du mal parce qu’il est dans les bras du soleil et qu’il ne pourra jamais avoir froid, et rien ni personne ne pourra la blesser parce qu’il est prisonnier et parce qu’il ne laissera personne approcher. Son cœur, pour un temps, bat normalement.

Peut être que ça ne dure qu’une seconde, ou une vie, mais ça lui semblera toujours trop court. Pourtant il faut se détacher, et il faut reprendre, parce que les enfants ont grandi. Mais quelque part, aujourd’hui, quelque chose s’est rallumé. Quelque part, quand il se sépare, quand leurs yeux se rencontrent une dernière fois sans animosité, quand il sent le coin de ses lèvres se relever un peu, il sait qu’il n’a pourtant pas eu le temps de se refaire un masque, il sait que la tendresse était là, que le bonheur était là, que tout infimes qu’ils soient, ils veulent qu’elle les voit. Et quand il lui tourne le dos pour sortir et qu’il ferme la porte derrière lui, il sent un bloc de glace tomber. Un.
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