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A Church of Broken Glass and Hallelujahs - Askjames
Askja Dagmardottir
Askja Dagmardottir
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24.09.19 22:26

A Church of Broken Glass and Hallelujahs
James & Askja

« You are a church of broken glass and hallelujahs. You are haunted like every other holy thing. What tried to destroy you didn’t have the strength. Still you stand. Sturdy and smelling of smoke. »


Elle a pris le dernier métro, ce soir. La journée a été longue, interminable ; elle n’a pas souvenir de la dernière fois où elle a fermé la boutique si tard. Ca n’est pas arrivé depuis qu’elle et Merlin … quoi, exactement ? Elle ne sait pas vraiment. Depuis qu’elle et Merlin. Depuis qu’elle se surprend dans la journée à guetter l’horloge suspendue au mur, dévorée presque par le lierre qui l’entoure, pour compter avec la trotteuse de temps qu’il reste avant qu’elle le retrouve. Depuis qu’elle s’est rendue compte qu’elle n’oubliait presque plus son téléphone, parce qu’elle l’a oublié un jour et ne s’est rendue compte que le soir qu’il lui avait proposé de passer la voir le midi. Elle ferme la boutique à l’heure maintenant, presque tous les jours. Elle rentre et parfois elle cuisine pour cinq, plutôt que de s’enfermer dans sa chambre avec un livre, parce qu’elle sait qu’il rentrera quand elle sera encore au fourneaux et qu’elle adore qu’il vienne l’embrasser dans la nuque.

Mais pas ce soir, pourtant. Aujourd’hui, la journée a été infinie. La trotteuse n’a jamais semblé si lente, et Askja n’a jamais autant soupiré en fronçant les sourcils sur ses livres de comptes. C’est comme si elle n’avait jamais le temps de rien faire, dans les journées comme ça ; chaque corvée est interrompue, chaque activité écourtée - et pourtant, elle ne peut pas se permettre de refuser de la clientèle en ce moment, pas alors que le loyer creuse un trou si grand dans le salaire parfois un peu trop mince qu’elle arrive à se dégager. Elle n’est pas la plus à l’aise avec les chiffres, et les diverses additions et soustractions auxquelles elle a dû s’adonner jusqu’à ce que la lune soit bien haute dans le ciel lui ont presque fait manquer le dernier métro.

Et de justesse, pourtant, la voilà dans ce wagon, les bras chargés de plantes qu’elle emporte pour la fin de semaine, celles qui poussent mal, celles qui se sentent seules, celles qui préfèrent être à la maison plutôt que de dormir tout le dimanche. Son cageot en est rempli, plein presque à craquer alors qu’elle se glisse entre les portes automatiques déjà à demi fermées. Mais ça y est, elle est dedans. Elle pose sa tête contre la vitre, ferme les paupières un instant. Le bourdonnement sourd des roues contre les rails l’endormirait presque - mais pas cette fois. Pas alors qu’elle a quelqu’un qui l’attend à la maison, maintenant.

Quand elle rouvre les yeux, elle n’est plus seule. Il n’a pas dû s’écouler plus d’une minute, un arrêt, mais elle ne l’a pas entendu rentrer. Pourtant, dès l’instant où ses yeux se posent sur lui, sa poitrine se serre. De son regard intemporel, ce regard trop vide et trop plein qui donne la sensation d’être complètement nu, elle le fixe et le scrute sans parvenir à lui associer une couleur. Il est tout à la fois, un paradoxe immuable ; feu et glace et terre et mer et au milieu de ça, si seul.

Elle n’a pas souvenir d’avoir déjà croisé quelqu’un comme ça, quelqu’un de si tiraillé, en tout cas pas en lui accordant l’attention qu’elle lui porte maintenant. Il ne l’a pas encore vue et elle a oublié qu’il pouvait la voir alors qu’elle ne cligne plus des paupières, elle-même tiraillée entre la peine, la peur et la pitié comme si sa dualité à lui coulait jusqu’à elle. Il lui semble l’avoir déjà vu quelque part, mais elle ne peut pas se rappeler où. Fascinée, partagée entre l’envie de lui tendre la main et celle de partir en courant, elle resserre un peu sa poigne sur son cageot de plantes. Bientôt, leurs regards se croiseront, et alors elle décidera.
(c) DΛNDELION
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James Mörkson
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25.09.19 0:22
Ca n’avait pas vraiment de sens, de marcher comme ça, sans savoir où aller, et pourtant, il ne se sentait pas plus perdu que d’habitude. Peut être que c’était logique, de faire cela quand c’était ce qu’il avait l’impression de faire au quotidien. Peut être qu’il fallait qu’il se perde pour se sentir moins désorienté. Quelqu’un avait dit qu’il fallait se perdre pour mieux se retrouver. C’était sans doute n’importe quoi. Il avait croisé son reflet dans une vitrine, au détour d’une ruelle, et il n’avait pas su qui se tenait en face de lui. Incapable d’identifier quel masque il avait enfilé, il ne savait plus qui il était censé être. Peut être qu’il ne l’avait jamais su.

Pourtant, la musique dans ses oreilles le laisse flotter dans une sorte de rêve éveillé, et il se rend à peine compte qu’il a changé de quartier, et qu’il en a traversé un autre. La ville est affreusement belle, la nuit, et il lui semble qu’il la redécouvre pour la première fois, alors même qu’il en a arpenté chaque ruelle tous les ans, dans un état ou dans un autre. Il ne s’est pas arrêté une seule fois, et quand il se décide enfin à regarder autour de lui, il n’arrive pas à savoir où il a atterrit. Peut être qu’il a vu des amis. Il ne croit pas, pourtant. Peut être qu’il a passé la journée seul. C’est plus probable. Ca expliquerait mieux le froid qui lui dévore les entrailles, et le vide qui flotte dans son cœur. Il n’était pas obligé, pourtant. Sören l’avait sans doute attendu. Bérénice aussi, peut être, même si son regard n’était toujours pas tendre, même si elle n’avait toujours pas bien accepté le mariage à venir. Même Aleksy, sûrement. Pourtant il était là, lui, et personne ne tenait sa main gelée. Peut être que c’était mieux, qu’il soit seul. Peut être qu’il le voulait, au fond. Au moins ça justifiait la solitude qui continuait de le réveiller la nuit, même dans des bras aimés.

Les néons du métro lui font signe, et comme un automate, il marche vers eux, descend sous terre, se demande quelques secondes ce qu’il se passerait si le monde s’écroulait, et à quel point l’ironie serait grande, d’être d’ores et déjà enterré quand on avait pourtant de quoi faire un enterrement magnifique. Mais le bruit des rails qui vibrent le sortent de sa transe, et il entre dans le wagon presque désert pour s’asseoir sur la première place libre qui semble l’appeler. Pendant quelques minutes, ses pensées continuent de se dérouler sans lui, sans chercher à avoir un sens, bercées par la musique trop forte dans ses écouteurs, et il ne réalise pas la présence inconnue à quelques mètres de lui. Il gigote, juste un peu, quand le regard le transperce, sans même comprendre que c’est pour cela, comme si un semblant d’âme essayait de s’échapper, essayait de ne pas être vu, celui dont lui-même ne se souvient pas.

Et enfin, il se réveille un peu, et la musique semble diminuer de volume alors qu’il relève les yeux, alors qu’il la cherche, alors que leurs regards, finalement, se rencontrent. Il n’arrive pas à savoir si le sien est sombre ou clair, mais il lui donne froid dans le dos, et s’il avait écouté son premier instinct, il aurait sûrement baissé les yeux pour disparaître autant que possible. Au lieu de ça, il la dévisage sans cligner des paupières, scrutant chaque tâche de rousseur, chaque étincelle de vie dans le regard, chaque expression qui pourrait apparaître sur son visage. Elle aussi, elle le fixe. Elle aussi, elle le dévisage. Elle a sans doute lu le journal, elle est sans doute étonnée de le voir debout, elle fait sans doute partie de ceux qui pensent connaître la vérité quand on leur sert des histoires suffisamment réalistes pour cacher des vérités trop cruelles. « Tu peux me voir ? » C’est un murmure, et il aurait dû être moqueur, mais il n’a été que soupir. Pourtant, elle ne lui donne pas l’impression d’être indiscrète, pas comme le monde entier pourrait l’être. Il a l’impression qu’elle le voit, énormément, sans doute trop, peut être plus que lui-même ne le fait, et il n’est pas sûr d’apprécier cela. Mais c’est plus simple, de jouer, même si ce n’est pas aussi amusant que ça devrait l’être. Et il n’a pas vraiment l’impression de mentir. Peut être qu’il est mort, aujourd’hui, après tout.
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30.10.19 15:05

A Church of Broken Glass and Hallelujahs
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« You are a church of broken glass and hallelujahs. You are haunted like every other holy thing. What tried to destroy you didn’t have the strength. Still you stand. Sturdy and smelling of smoke. »


Elle le trouve trop maigre. C’est la première chose qui la frappe. Elle le trouve trop maigre ; ses doigts sont trop noueux, ses hanches trop fines et surtout, surtout, son visage si émacié qu’il lui semble que la peau pourrait se déchirer sur les os saillants de ses pommettes. Elle ne sait pas bien si elle le voit tel qu’il est, là devant elle, ou si elle le voit tel qu’il est vraiment : tiraillé, usé jusqu’à la moelle, dépossédé de toute vie et de toute essence. Il est gris, d’un gris si léger qu’elle ne le verrait presque pas. Il était sûrement d’un gris anthracite avant, orageux, lourd, inquiétant peut-être ; et pourtant, elle n’a pas la force de s’inquiéter alors qu’elle le voit si maigre, si vide.

Il a relevé le visage vers elle. Leurs regards se sont heurtés. Elle a cligné des yeux une fois, deux fois, comme si elle était éblouie par un rayon de soleil. En fait de rayon de soleil, c’est la surprise qui a requis d’elle qu’elle se reprenne un instant. Son regard a confirmé ce qu’elle voyait quelques secondes avant, et elle sent quelque chose en elle avoir un mouvement de recul, se recroqueviller avec un feulement intimidant. Il lui crie de partir, de le laisser ; il lui crie qu’il est brisé, brûlé, temple de cendres et de regrets dans cette rame de métro nocturne. Il lui crie qu’elle ne peut rien faire pour lui, que c’est trop tard, qu’elle doit fuir pour préserver son équilibre à elle, son bonheur à elle, parce qu’elle pourrait se vider en lui et s’y perdre entièrement sans parvenir à y rallumer une étincelle. Il lui crie qu’elle n’est pas celle qu’il lui faut, celle qu’il veut. Et pourtant, elle fait la sourde oreille. Elle ignore ce feulement si violent qu’il lui tire un tremblement, parce qu’il est seul, si seul.

Elle voudrait lui sourire. Quelque chose d’autre s’agite en elle, un ronronnement qui monte et qui voudrait tout apaiser. Deux chats qui se dévisagent, l’un les yeux mi-clos, l’autre les pupilles aussi noires que la nuit. Cette fois-là, elle ne sait lequel écouter. Lequel criera son message assez fort pour qu’elle sache quoi faire ? Lequel prendra sa main, pour la tendre ou la ranger au fond de sa poche jusqu’à être rentrée à la maison ?

Il brise le silence. Sa question flotte entre eux sans qu’Askja arrive à savoir ce qu’il veut vraiment entendre par là. La rame est vide, mais le murmure du jeune homme atteint les oreilles de la rousse sans qu’elle sache si elle l’a vraiment entendu ou seulement deviné. Elle bat des paupières, encore, et le regarde, encore. Il est abîmé. Plus seulement maigre mais blessé. C’est ce qui la décide, il lui semble. C’est ce qui amplifie le ronronnement dans ses entrailles qui rayonne jusqu’au petit sourire qui rejoint ses lèvres, au grand désespoir du chat qui feulait, qui gronde encore faiblement sous la vague d’affection qui déborde Askja.

Oui, je te vois.

L’impression qu’elle a eue en le voyant la première fois, celle de l’avoir déjà vu quelque part, s’est complètement envolée. Si elle avait prêté attention à ce genre de choses, elle aurait pu se rappeler qu’elle avait vu son visage aux informations locales, alors qu’un présentateur un peu morne annonçait la tentative de suicide du plus riche héritier d’Islande. Mais elle n’y prête jamais attention, Askja. Elle devait déjà dormir, ou regarder Merlin alors qu’ils parlaient de ça à la télé. Elle ne l’a jamais vu. Et si elle a vu sa photo sur le petit écran, son visage souriant sur une petite vignette floue, alors ce n’était pas lui. La personne qu’elle a en face d’elle lui est parfaitement inconnue, et à la fois, pourtant, suffisamment familière.

Elle ne reconnait pas vraiment l’instinct qui la pousse à poser ses plantes au sol pour s’avancer vers lui. Ou plutôt si : c’est l’instinct qui la fait chanter quand un arbrisseau est malheureux, qui la fait parler à une pousse un peu terne. C’est celui qui l’encourage, tout le temps, à vouloir faire le bien autour d’elle. Pourtant, il lui semble que c’est la première fois qu’il se manifeste de cette façon auprès d’un parfait inconnu, au beau milieu d’un lieu public, dans un contexte qui ne s’y prête pas vraiment. Il aura suffi qu’elle croise le jeune homme pour avoir envie de l’entourer de tout l’amour maternel qu’elle est capable d’éprouver, sans savoir que ça ne servirait à rien, que ses efforts resteraient vains, qu’elle avait trouvé là un mal trop grand, un vide trop profond pour elle. Inconsciente, elle s’approche de lui, prend sa main - qu’elle trouve brûlée, abîmée par la tristesse et la colère - dans les siennes. Lui, il ne se voit plus.
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17.11.19 19:45
Elle cligne des yeux, une fois, deux fois, mais ça ne semble rien changer, alors même qu’il est presque certain que son propre regard aurait pu en faire fuir cent, alors même qu’il lui semble que ça a toujours fonctionné, et pendant quelques secondes, il se demande s’il a perdu son pouvoir, s’il est désormais incapable d’inspirer la méfiance ou la peur parce qu’il n’a plus la force de se battre ou de jouer, s’il n’existe plus même en temps que monstre, même en tant qu’ennemi. Mais quelque part, une petite voix lui murmure que ce n’est pas lui qui n’est pas comme il l’a toujours été, mais elle qui est trop différente du reste du monde pour en avoir quelque chose à faire. Ca pourrait être une libération et une main tendue, ça pourrait être une aide précieuse sous un visage d’ange, et pourtant c’est une menace, des griffes prêtes à caresser une âme sans se rendre compte qu’elles se plantent dans le cœur, des yeux sans fond qui ne livrent aucun secret et pourtant découvrent tous ceux des autres. Instinctivement, il lui semble que son âme a un mouvement de recul, lui aussi, alors qu’ils se dévisagent toujours, comme si elle sentait le danger arrivait, un danger qu’elle ne voulait pas affronter, pour une fois, pour ne pas avoir à exister, pour ne pas avoir à ressentir, pour ne pas avoir à devenir trop humaine sous ces yeux éthérés.

Il ne réalise pas qu’elle hésite entre deux options, et qu’il aurait mieux fait de se taire pour qu’elle passe son chemin, comme tous les autres, pour qu’elle ne creuse pas plus et ne soit hantée que quelques heures par cette présence croisée la nuit dans le métro avant de l’oublier définitivement. Il ne le réalise pas, et il ouvre la bouche, pour faire une plaisanterie douteuse qui lui semble bien trop proche de la vérité. Et sa réponse envoie un frisson désagréable le long de sa colonne vertébrale, alors qu’il louche sur son sourire, alors que le coin de ses propres lèvres tremble de manière à l’imiter, de manière trop froide, d’un sourire qui ne va pas jusqu’aux yeux mais qui reproduit à la perfection celui qui lui fait face, comme un miroir, le cœur en moins. Oui, elle le voit. Un peu trop bien, un peu trop fort, sans doute bien plus que qui que ce soit n’a pu accepter de le faire jusqu’à maintenant.

Il ne bouge pas, n’a pas la moindre réaction, alors qu’elle pose ses plantes, alors qu’elle se relève, alors qu’elle s’approche, alors qu’elle prend sa main décharnée et que ses yeux se baissent sur elles, presque choqué de sentir la chaleur de ses petites mains trop blanches sur les cicatrices du feu qui semblent de plus en plus laides chaque jour. « Oh. » C’est un murmure, et il semble pourtant résonner comme un hurlement dans le wagon trop vide. L’odeur de plantes et de parfum bien trop naturel qui se dégage de l’inconnue caresse ses narines, et il inspire doucement avant de trouver l’énergie de remettre son regard dans le sien, penchant légèrement la tête sur le côté en signe d’incompréhension, le même sourire mimétique revenant sur ses lèvres par instinct. « Tes mains sont brûlantes. » C’est une déclaration qui n’a pas beaucoup de sens, et pourtant, c’est la seule chose à laquelle il arrive à penser alors que tout ce qu’il parvient à voir désormais sont les deux pupilles d’un autre monde qui semblent se creuser un chemin jusqu’à son âme.

Il aurait pu continuer à jouer le jeu. Il aurait pu dire qu’il n’était qu’un fantôme, qu’il était mort depuis longtemps, qu’elle était la première à le voir depuis des décennies. Ca aurait sans doute été bien plus vrai qu’il ne voulait bien se l’avouer. Mais quand sa bouche s’ouvre de nouveau pour demander « Qu’est ce que tu es ? », sa langue fourche sur le « qui », et il réalise qu’il commence à ressentir quelque chose, quelque chose qu’il ne lui semble pas avoir déjà ressenti pour lui-même, quelque chose qui se creuse dans son estomac et essaye de le prendre à la gorge. Elle le voit, et elle contemple le vide et le froid, elle voit le manque de vie derrière le sourire mimétique, elle voit bien plus que ce qu’il ne peut imaginer. Elle n’est pas humaine, pas plus que lui, mais pourtant ce n’est pas la mort que lui voit dans ses pupilles à elle. C’est quelque chose qui ressemble bien plus à la vie, quelque chose de magique, quelque chose d’un autre monde, quelque chose d’un peu fou et de brûlant, et pourtant calme, aussi calme en tout cas que peut l’être l’océan. Et les deux pupilles contemplent sa misérable âme recroquevillée au milieu de toutes les ténèbres, seule et dégoûtante, et lui, il a peur. Alors il ferme les yeux, d’un coup, sans prévenir, pour lui refuser l’accès, et sa main brûlée se referme sur la peau blanche pour la tenir prisonnière sans qu’il ne comprenne pourquoi. Il veut qu’elle parte, qu’elle disparaisse, qu’elle ne le regarde plus jamais, et pourtant, son corps la garde près de lui, faiblement, comme dans une dernière tentative un peu désespérée. Il ne réalise pas qu’il ne lui faut pas plus d’une seconde pour que son instinct ne guide son visage malgré ses yeux clos, pour que ses lèvres se posent sur celles de la rousse, un millième de seconde, juste assez pour la goûter, trop longtemps pour être capable de l’oublier. Peut être que c’est une diversion, pour la dégoûter, pour lui faire peur, pour la faire fuir, pour qu’elle comprenne qu’il est le genre de personne dont on ne peut pas vouloir s’approcher. Peut être que c’est une tentative de lui voler un peu d’oxygène, un peu de vie, un peu de magie, et de faire bouger le vide en lui. Peut être que ce n’est rien de plus qu’un autre pas en avant vers le vide, vers celui qui vit dans ses yeux à elle et qui a l’air bien plus invitant que celui qui vit dans son cœur.
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Elle ne saurait pas dire, quand elle lui touche la peau, si elle est la seule à avoir senti le frisson d’électricité qui les a reliés. Peut-être était-il dans sa tête, dans sa chair seulement, peut-être était-ce une simple réaction de son corps à elle, du chat noir dans son âme qui hérisse le poil en montrant les crocs. Peut-être était-ce encore un simple phénomène naturel, un mouvement d’électricité statique qui craque entre eux par hasard. Le froid qui la parcourt, qui contraste avec le feu des brûlures qu’elle sent encore lécher les mains du jeune homme, lui, est bien réel.

Comme en écho à ses pensées, le blond lui fait remarquer que ses mains sont brûlantes. Elle n’a pas le coeur de lui faire remarquer qu’il se trompe. Ses mains sont fraîches comme l’air et comme la terre humide qu’elle remue toute la journée. Elles sont froides et légères et elles doivent le brûler alors qu’elle viennent se poser sur ses cicatrices pleines de la haine qui les a calcinées. Elle sent déjà que le chat avait raison. Elle se sent se déverser en lui et elle doit se retenir, se retenir si fort de plonger entièrement, de se noyer au fond de lui pour aller chercher les miettes qu’elle pourra rassembler. A la place, elle sourit quand il lui demande ce qu’elle est.

Une sorcière.

Dans une autre bouche, le mot aurait sonné comme une insulte. Elle l’a tant entendu, prononcé de tant de façons différentes, avant tant de haine que de peur, avec scepticisme, doute, avec moquerie. On l’a peint sur le mur de sa maison, on l’a craché en même temps qu’on lui jetait des cailloux ; on l’a dit doucement aussi, on l’a dit pour rire, on l’a dit en lui caressant la joue, en jouant avec ses cheveux. On l’a dit des milliers de fois pour parler d’elle, et pourtant il n’a jamais pris plus de sens que quand c’est elle qui l’emploie. Il flotte là entre eux, simple, léger, comme elle aurait donné son prénom.

Et toi ?

Elle n’ose pas hausser le ton. Il y a quelque chose de sépultural entre eux, quelque chose entre la vie et la mort, entre la fin et le commencement qui pourrait ressembler à sa rencontre avec Adel et qui en est pourtant si éloigné. Ici, maintenant, pas d’alignement des âmes, pas d’union des êtres sous un rayon de lune ; non, plutôt la collision entre un blessé et un remède, un problème et une solution, un trou noir et une planète. Askja le fixe tout le temps, et elle prend conscience une seconde trop tard qu’il ne peut pas le supporter.

Quand elle sent sa main décharnée se resserrer sur son poignet blanc, elle n’esquisse pas un mouvement de recul. Elle empêche sa bouche de se crisper en une grimace de douleur, garde les yeux rivés sur son visage empreint de douleur. Elle le regarde s’approcher d’elle, chercher à la faire fuir en la retenant. Quand leurs lèvres se scellent, elle n’esquisse pas un mouvement de recul.

C’est très différent des baisers qu’elle échange avec Merlin. Ceux-là ont la douceur de l’affection et la tendresse des gens qui s’aiment. Ils sont un peu rugueux de la barbe de Merlin, un peu sensuels de ses grandes mains qui s’agrippent à sa taille. Là, dans ce métro vide aux lumières trop blanches, avec cet inconnu, il n’y a pas de place pour l’amour, pas de place pour la douceur. Le froid lui enserre la poitrine alors que leurs visages se touchent, et il souffle en elle le vide qui l’habite.

Elle devrait fuir. Elle aurait dû fuir. Elle devrait crier, le repousser, refuser ce contact qu’il lui impose, si intime et personnel. Elle sait que Merlin n’apprécierait pas de savoir ce qu’il se passe. Mais pendant ces quelques secondes hors du temps, elle ne peut pas briser leur échange. Si elle le lâche maintenant, il explosera en mille morceaux, il filera entre ses doigts et elle le regardera se vider en vain dans l’univers. Alors de la main qu’il lui a laissée de libre, elle vient caresser son visage meurtri, et elle répond à son baiser avec toute la douceur dont elle est capable, toute la douceur du monde. Elle souffle en lui tout ce qu’elle a de beau, elle souffle la tendresse et la patience et l’espoir à mesure que son vide à lui se déverse en elle, sans plus d’arrière-pensée qu’un médecin venant planter la seringue d’un vaccin dans le bras de son patient. Elle se sent mourir un peu, flétrir, mais comment refuser à un aveugle quelques secondes de vue ? Elle réalise trop tard qu’il lui fera du mal. Maintenant, elle ne peut qu’espérer qu’elle s’en relèvera.
 
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Une sorcière. Il aurait ri, en temps normal. Levé les yeux au ciel et rétorqué qu’il n’était plus un enfant. Il aurait même poussé le vice jusqu’à faire semblant de la croire pour jouer avec elle, pour voir jusqu’à où elle pouvait aller, pour voir si elle mentait ou si elle y croyait, pour savoir comment la manipuler, savoir comment la briser. En temps normal, ce serait devenu un jeu. Aujourd’hui, il acquiesce doucement, parce que cela semble logique, parce que le ton était trop simple, parce qu’il ne lui semble pas que ces pupilles éthérées puissent connaître le mensonge. Il n’a jamais vraiment cessé de croire en la magie, sans doute, même s’il ne l’avouera jamais à aucun humain. Pas alors que chaque pilule peut faire danser une nouvelle fée, pas alors qu’ils sont entourés de glaciers qui ressemblent à des géants, pas quand chaque nuage est un nouveau dragon. Il les voit toujours, plus clairement sans doute que lorsqu’il était enfant, mais ils n’ont plus d’importance, aujourd’hui, parce qu’ils ne se mêlent pas à son monde, parce qu’ils ne sont pas là pour aider, parce qu’ils se contentent de vivre, et en deviennent de ce fait tout aussi inintéressants que n’importe quel être humain. Peut être qu’il croit aux sorcières. Peut être pas. Il la croit, elle, pourtant.

Mais quand elle pose sa question, il a déjà trop peur, et la chaleur empoigne le froid de son âme trop violemment, trop tendrement, trop fermement, secouant les morceaux de son cœur pour qu’ils se mettent à battre, à trembler, chacun de leur côté. Elle ne bouge pas d’un millimètre, alors que lui ne comprend pas vraiment ce qu’il fait, alors qu’il ne le comprend que trop bien, alors qu’il se souvient de toutes les fois où ses lèvres ont embrassé pour mordre, où elles ont été une arme pour faire fuir, où elles ont servi à blesser puis sourire ou soupirer, souvent les deux. Il sent la chaleur de celles de la rousse, et il lui semble qu’elle s’enfuie bien trop vite, que son froid à lui prend le dessus, qu’il détruira tout sur son passage tant qu’elle ne s’éloignera pas, qu’il gèlera ses poumons jusqu’à ce qu’ils se brisent et que plus jamais son feu ne pourra réchauffer quelqu’un. Elle va partir. Il en est persuadé. Un arrêt de métro est annoncé, et sa main relâche un peu le poignet. Elle va s’éloigner, récupérer ses plantes qui se meurent déjà de sentir sa douleur, et s’enfuir en courant. Après, il pourra soupirer sans sourire. Après, il pourra rester à admirer le vide jusqu’au terminus, et refaire le chemin en sens inverse, peut être jusqu’à la fin des temps.

Mais la main sur sa joue le fait sursauter, et ses yeux se rouvrent alors qu’elle le brûle, alors que ses lèvres ne restent pas immobiles, alors que son cœur tremble plus vite encore, alors qu’il se débat contre sa cage thoracique, alors que tout son corps se met à brûler, feu qui le dévore de nouveau, mais sans une goutte de douleur. La glace de son âme fond un peu, doucement, mais sans doute moins vite qu’elle n’entre en elle, sans doute moins fort qu’elle ne devrait l’atteindre. Il frissonne alors qu’une partie de la glace devient eau, et relâche sa main pour passer un bras autour de sa taille, pour la serrer contre lui, pour sentir son cœur battre contre le sien et constater qu’il ne s’est pas arrêté, qu’il n’est pas encore glacé à son tour. « Un fantôme. » Il ne sait même plus que la réponse était coincée dans sa gorge, alors qu’il rompt le baiser mais pas le contact, alors que ses yeux retrouvent les siens et qu’il n’a plus vraiment peur. Elle ne peut pas l’aider. Elle peut juste le voir. Et elle n’a pas assez bien regardé, puisqu’elle est toujours là.

« Tu devrais partir, tu sais ? » Il n’a pas menti, après tout. Il ne sait pas mentir, ce soir. Il est un fantôme, froid et vide, qui l’entoure de ses bras et dévore petit à petit la chaleur et la vie qui l’animent, elle, sans jamais être rassasié. Dans leur microcosme personnel, il est la mort et elle est la vie, et il gagnera toujours parce qu’elle est éphémère et lui éternel. Elle devrait partir. Elle aurait dû partir. Il n’est pas sûr qu’elle le puisse encore, maintenant. Parce qu’elle est dans ses bras et que ses bras sont devenus statue autour d’elle, parce qu’elle a fait frémir les glaciers et qu’ils en redemandent, parce qu’il ne sait pas s’il sera encore capable de respirer sans son oxygène, sans le lui prendre, sans ne rien lui laisser. Elle aurait dû partir, parce qu’elle ne peut pas l’aider, et qu’il ne sait toujours pas comment faire pour ne pas détruire ceux qui s’approchent trop des ténèbres et ceux qui cherchent à le voir.
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Askja Dagmardottir
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27.01.20 16:40

A Church of Broken Glass and Hallelujahs
James & Askja

« You are a church of broken glass and hallelujahs. You are haunted like every other holy thing. What tried to destroy you didn’t have the strength. Still you stand. Sturdy and smelling of smoke. »


Elle est sur la pointe des pieds, sans arriver à comprendre si c’est parce qu’il est trop grand ou qu’elle est trop petite. Elle s’agrippe presque à lui en posant sa main sur sa joue, le bout de ses doigts à peine dans ses cheveux, parce qu’elle a l’intime conviction que leurs lèvres ne doivent pas se séparer, qu’elle ne doit pas rompre l’étreinte, qu’elle doit le laisser prendre, tout prendre, la boire jusqu’à plus soif, et lui laisser le choix de s’en aller, de s’éloigner et de disparaître alors qu’il lui aura tout pris.

Au fond d’elle, le chat noir feule et geint et bientôt se recroqueville alors qu’autour de lui la glace s’approche, crisse et grince en gagnant du terrain. Ils ne se séparent pas pourtant, tout juste pour respirer, mêlent leurs âmes et elle persiste à le laisser faire, la geler jusqu’au fond, pourvu qu’il prenne un peu d’elle avec lui. Et puis il rompt l’étreinte, la garde à lui encore un peu, et elle se laisse faire, haletante et surprise de pouvoir encore souffler de la buée tant elle sent le froid enserrer sa poitrine. Il lui faut faire tant d’efforts pour se rappeler que ce n’est pas son froid, pour convaincre son corps et son coeur que ce n’est pas à elle, qu’elle l’abrite pour l’instant mais qu’il ne la touche pas.

Sa voix rauque souffle une réponse à sa question, ne confirme que ce qu’Askja a vu en posant ses yeux sur lui pour la première fois. Elle aimerait lui dire qu’il n’est pas fantôme, qu’il se sent fantôme, qu’il est tant de choses parce qu’elle a vu, elle l’a vu, elle a tout vu, elle a vu le feu et l’ombre et elle voudrait pouvoir lui dire qu’il n’y a pas de tristesse sans amour, de colère sans enjeu, de plaisir sans désir. Elle voudrait pouvoir lui souffler qu’il est tellement plus que ce qu’il pense être. Mais elle est gelée dans ses bras et elle n’a pas repris son souffle ; alors à la place, elle glisse sa main dans ses cheveux, l’attire contre elle jusqu’à ce qu’il pose sa tête sur son épaule, et elle l’enserre dans ses bras, maigre consolation face à la vague terrifiante de tristesse qui les a bousculés tous les deux.

Elle l’entend à peine suggérer son départ. Elle caresse son crâne, enroule les mèches autour de ses doigts, trace des arabesques infinies sur le tissu de son dos. Elle ne veut pas partir. Il ne veut pas qu’elle parte. Il veut se noyer en elle et tout lui prendre, tout lui voler, jusqu’à la dernière goutte. Elle sait bien qu’elle ne peut pas le laisser faire. Qu’elle ne le laissera pas faire. Mais elle se dit qu’elle peut bien lui donner encore un peu, juste un peu. Le tenir dans ses bras encore un peu, avant qu’il doive partir et s’évanouisse dans la nuit, qu’elle doive panser leurs blessures en espérant lui en avoir volé quelques unes.

Je suis là.

Elle murmure dans son oreille ces trois mots à l’excès, litanie ou sortilège, comme si elle voulait imprimer en lui cette idée, cette sensation, cette certitude — celle que quelqu’un, quelque part, sera toujours là. Elle fond son corps dans le sien, et heureusement, sûrement, que le métro est vide, parce qu’ils doivent avoir l’air bien étranges, ces deux inconnus qui s’agrippent l’un à l’autre comme des naufragés. Elle ne connaît même pas son prénom, et cette idée lui traverse la tête sans causer aucune émotion ; parce que ce n’est pas ce qui compte, finalement, un prénom. Pas alors qu’elle l’a vu tout entier.

Une voix annonce un arrêt. Elle ne sait pas si elle a raté le sien. Elle ne sait pas où elle est. Elle devra sûrement descendre trop loin de chez elle, marcher longtemps, et Merlin s’inquiétera, et elle dira simplement qu’elle a raté son arrêt parce que ce sera la vérité, et elle ne lui dira pas qu’elle a embrassé un inconnu dans le métro parce qu’elle sait qu’il ne comprendra pas, qu’il se mettra en colère, parce que Merlin, comme tous les autres, il mélange tout. Il ne faut pas tout mélanger. Il y a Merlin, et il y a les autres. Et aujourd’hui, juste maintenant, il y a cet homme qu’elle tient dans ses bras, qui a besoin qu’on lui rappelle ce que c’est que d’être aimé inconditionnellement.
 
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James Mörkson
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03.02.20 23:54
Il va la détruire. Il va la dévorer et la laisser, debout dans ce métro isolé, seule, gelée, tremblante, les larmes aux yeux et le vide dans l’âme. Il va prendre son feu en lui pour qu’il devienne une minuscule allumette, pour qu’il le réchauffe quelques secondes et le laisse dormir quelques minutes sans trembler, sans rêver, sans avoir peur. Il va tout lui prendre et la laisser sans rien et l’oublier dès le lendemain, elle ne deviendra qu’un visage de plus dans la flopée de visages qui flottent dans son esprit, qui ne sont sans doute pas tous réels, pas tous parfaits, pas tous réalistes. Il l’oubliera et il continuera sa vie jusqu’à pouvoir dévorer quelqu’un d’autre, et elle sera toujours là, tremblante, debout dans le métro, et tout sera de sa faute et pourtant il n’y pensera plus, il n’en dormira pas moins bien pour autant, il ne saura pas de qui on lui parle lorsque l’on mentionnera qu’une jeune femme rousse un peu étrange de la ville a été retrouvée, morte de froid, seule dans le métro. Elle deviendra un fait divers un peu étrange et lui sera toujours un monstre et il refusera toujours de le voir.

Pourtant, quelque part, il essaie encore de la sauver, il essaie encore de lui dire de partir avant qu’il ne prenne tout, il essaie encore de penser aux autres et à tout ce qu’elle pourrait leur apporter, parce que son sourire doit être bien plus utile au monde que son vide à lui, et que s’il y a une justice quelque part, elle ne serait pas assez cruelle pour le forcer à vivre lui et la laisser mourir à ses côtés elle, avec ses yeux pleins d’étoiles et sa voix chantante. Il essaie de se détacher et d’arrêter de la dévorer parce qu’il sait en son fort intérieur qu’il devrait rester seul parce qu’il n’a rien à apporter et qu’il n’arrive qu’à détruire ceux qui essaient de l’aider, mais la main trop douce glisse dans ses cheveux et son nez s’enfouit dans ses cheveux et il sent deux bras trop tendre l’enserrer et le garder contre elle.

Sa gorge se serre alors qu’il finit de la prévenir, alors qu’il lui semble qu’il a été clair, alors qu’il sent au fond de lui qu’elle doit savoir qu’il a raison, que si elle est réellement une sorcière, elle devrait savoir quelles plantes sont carnivores et quelles plantes sont inoffensives, qu’elle devrait avoir au moins l’instinct le plus humain de tous, celui qu’il n’a toujours pas, celui de la survie, celui qui nous fait tourner les talons et nous enfuir devant les flammes ou devant les montagnes de glace, même si elles sont réunies en une personne. Mais elle joue avec ses cheveux et caresse son dos et lui se fige, alors que la glace en lui frémit, alors qu’il ne sait plus vraiment où il se trouve et que ses bras restent ballants, lévitant autour de sa taille sans réussir à la serrer en retour, maintenant. Puis elle ouvre la bouche, et il lui semble que pendant des secondes, des minutes, des heures, une éternité, il arrête de respirer.

« Arrête. » Il essaie de reculer, de se détacher, mais il est immobile. C’est tremblant, un murmure, presque enfantin, alors qu’il ferme les yeux, alors qu’il essaie de ne pas écouter, alors qu’il se répète qu’elle n’existe pas et que personne ne parle et que de toute façon c’est sans aucun doute une menteuse si elle peut dire cela, parce que personne n’est là et personne ne reste et personne ne le serrera plus jamais dans ses bras pour lui murmurer ces quelques mots et lui caresser les cheveux et lui dire de ne pas avoir peur et le réchauffer pour qu’il n’ai plus jamais froid. Pourtant tout fond, glacier par glacier, et il ne prend conscience qu’il lui a sans doute volé trop de feu déjà que quand le liquide en lui devient trop puissant et monte jusqu’à ses yeux pour couler en gouttes salées, puis en cascades.

« Arrête … » Mais ses bras ont déjà serré la taille de nouveau, sont devenus étau de métal, et son visage est totalement enfoui dans ses cheveux, et son corps tremble à cause des secousses et des vagues et des sanglots et des larmes, et il lui semble qu’il n’a jamais fait si peu de bruit alors que toute son âme se déverse en elle et sur le sol et qu’il n’est pas sûr de s’ils sont encore debout ou de si ses genoux ont lâché et qu’il l’a entraînée dans sa chute, comme il était déjà certain qu’il le ferait. Mais alors qu’il essaie de la rapprocher encore de lui en craignant de lui briser les côtes à force de serrer, il réalise vaguement qu’ils sont bien tombés, et qu’ils sont assis sur le sol du métro comme deux imbéciles. Ca n’a plus d’importance, pourtant.

« Arrête. » Ce n’est plus qu’un sanglot, répété autant que la litanie ne l’est, alors que la glace continue de fondre et les larmes de couler, alors qu’il est profondément conscient qu’elle refroidit sous ses doigts et qu’elle peut voir tout le vide qui emplit les gouttes salées et tous les silences qui font vibrer les sanglots. Mais pourtant, il ne peut pas arrêter. Pourtant, il se blottit contre elle comme un enfant se blottirait contre sa mère si un enfant pouvait avoir le cœur brisé, si un enfant pouvait avoir un cœur à briser, et il ne sait plus comment respirer et comment sourire et comment mentir et comment jouer et comment arrêter de montrer le désespoir et le vide et la solitude alors que quelqu’un nous offre une attention que l’on a pas demandé et est prêt à se laisser dévorer pour permettre à quelqu’un d’avoir un peu moins froid. Il se calme peu à peu et il la dévore, et elle le réconforte toujours, Adriane qui veut sauver le Minotaure sans comprendre qu’elle ne peut que l’aider à en finir.
(c) AMIANTE
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