I'm not ready to die not yet

Pull me out the train wreck

« Cher Père Noël,
Cette année, j’ai été sage. Comme les autres années, en faite. Enfin je crois… Est-ce que tu trouves que j’ai été assez sage? Oncle Tommy dit que j’ai fait des bêtises, mais Maman, elle dit toujours que je suis la petite fille qu’elle rêvait d’avoir. L’année dernière, je t’avais demandé de m’envoyer un père. De me montrer au moins un instant qui était celui qui me servait de père. Je n’ai jamais eu de réponses ni de visites surprises. Maman dit qu’il m’aime, où il est. Je ne suis pas aussi certaine qu’elle, Père Noël. Je crois qu’il est plutôt heureux de ne pas avoir à s’occuper d’une enfant. Oncle Tommy dit que ce Noël-ci, je serais une jolie princesse, avec ma robe que ma Tante m’a achetée. Mais Père Noël, je ne veux pas la porter. J’ai peur de la porter. Je me sens mal dedans. Est-ce que quelque chose cloche chez moi? Les autres filles à l’école porte des robes que leurs mères leur achetés, et elles sont magnifiques! Mais moi, je ne me sens pas bien dedans. Père Noël, cette année, je ne veux pas grand-chose. J’ai été sage. Oncle Tommy dit que je fais pleurer ma mère, quand je me coupe les cheveux. Tante Agathe ne comprend pas pourquoi je ne porte toujours pas la jolie robe rose qu’elle m’a offerte. Promis, je vais la porter pour Noël. À l’école, ça va bien. Enfin, les autres garçons sont parfois méchants, et mon cœur me fait mal parfois, mais sinon, j’ai des bonnes notes. Alors cette année, s’il te plait, vient. Et je ferais tout ce que tu veux.

Cette année, Père Noël, s’il te plait, fait que ça cesse. Fais que je me sente belle dans ces jolies robes roses et fleuries. Ce Noël, fait qu’Oncle Tommy m’offre des bijoux et que j’aille envie de les porter. Cette année, fais que j’arrête d’avoir aussi peur. Parfois, j’ai dû mal à respirer, et maman panique. Elle dit que c’est dû à de l’anxiété et mon problème de cœur. Ce Noël, fait en sorte que j’aille mieux. Je ne veux plus voir maman pleurer. Je ne veux pas voir mon père, ce Noël-ci. Je ne crois pas que ça règle quoi que ce soit. Cette année, Père Noël, fait que je sois comme les autres petites filles. Je veux juste être comme les autres.

Père Noël, cette année, je vais avoir huit ans. Cette année, encore une fois, mon père ne sera pas présent dans ma vie, mon cœur me brulera, et ma mère sacrifiera son bonheur pour le mien. Alors je t’en pris, cette année, fait que je sois normale. Et si les garçons à l’école peuvent arrêter de me faire du mal, ça serait gentil. Je ne veux rien d’autre, Père Noël. Je serais sage, en retour. J’aurais les meilleures notes de ma classe. Je ferais tout pour être heureuse. C’est promis. Et j’encouragerais encore une fois maman à retourner en tant qu’actrice. Je veux être la princesse qu’elle a rêvé que je sois.
Cher Père Noël, laisse-moi être sa princesse.
Alice. »

Alice, 7 ans, 7 ans avant son coming-out.

« Cher Inconnu,
L’école m’a dit que participer à cet échange de lettres avec un inconnu m’aidera à me délivrer de cette peine qui me ronge. Tu comprends, l’école pense encore que c’est un passage, un « récit » qui passera. Comme une mauvaise blague. Tu n’aurais qu’à voir les copies d’examen qu’ils me rendent pour comprendre. Pour eux, ce n’est pas possible. Pas dans leur école, pas ainsi. Les garçons ne comprennent pas non plus. J’ai l’impression qu’ils sont de plus en plus méchants, jour après jour. La seule différence, c’est qu’eux, ils ne font qu’un avec leur corps, tu vois. Moi, je fais deux. Il y a ce corps, celui d’Alice. Et il y a moi, Andreas. Et ça ne fonctionne pas.

Inconnu, toi qui liras cette lettre un jour, ne la brule pas, s’il te plait. Je sais ce que tu dois te dire. Je ne suis qu’une passagère éphémère de ta vie, mais pour moi, ça compte beaucoup. Parce que hormis ma mère, je n’ai personne à qui me confier. Personne qui comprend que ce n’est pas juste une crise. Oh bien sûr, je crois que Mathilde fait de son mieux. C’est mon amie. C’est la seule qui me défend contre les autres garçons, mais… Elle m’appelle toujours Alice. Je ne crois pas qu’elle veut mal faire, tu sais? Elle est gentille, elle ne comprend juste pas. Je comprends, ma mère aussi a eu de la misère au début. Je crois qu’elles ont peur. Peur que ça me détruise. Parce que tu comprends, les gens sont vraiment méchants avec les gens différents. Theo par exemple. Theo… Je pourrais te faire un récit sur lui. Theo, il me fait toujours mal. Il me pousse contre les casiers, il s’amuse avec moi, et la dernière fois… J’ai osé rentrer dans le vestiaire des garçons. Theo a ri. Il m’a déshabillé devant tout le monde, pour me prouver que j’étais toujours une fille. Que j’en serais toujours une. Il a été suspendu pendant deux semaines. Deux semaines. Tu te rends compte? Moi, je me suis fait mal pendant deux semaines après ça. Est-ce que tu crois que c’est normal? Mes seins, mes cuisses, mes bras, elles sont recouvertes de marques. Ce n’est pas mon corps. Ça ne le saura jamais.

Mon anxiété est plus élevée d’année en année. En même temps, comment ne pas être anxieux avec tout ce qui se passe? J’ai une chaine Youtube. Ma libération, là où je peux être moi-même. Je ris, je respire, je vis. Pour eux, j’ai l’air d’un jeune garçon, un peu efféminé. Un jour, ils seront la vérité, et j’espère qu’ils resteront. Pas comme Oncle Tommy ou Tante Agathe. Je sais qu’ils ne veulent pas mal faire, mais ça fait mal. Ça fait mal de les entendre m’appeler Alice, de les voir acheter des robes, de me considérer toujours comme une fille. Peut-être que le temps aidera. Tu sais, j’essaye. Parfois, quand la douleur est à son apogée, je mets des robes. J’espère que les garçons arrêteront de se moquer ainsi. J’essaie d’être normal. Mais ça ne fonctionne pas. Une fois, j’ai fait ça. J’étais à l’arrêt de bus, j’essayais de tirer sur cette jupe bien trop courte à mon gout. Et il est arrivé. C’est la première personne qui m’a appelé il. La première personne qui m’a tendu son chandail pour que je puisse me sentir un peu plus moi. On était des inconnus. Et pourtant, depuis, je lui suis redevable, car grâce à Paolo, ça faisait un peu moins mal.

Inconnu, si tu croises un jour quelqu’un mal dans sa peau, fais attention à tes mots. Je sais, notre monde est étrange, et je ne te demande pas de comprendre comment je pense. Je te demande juste le respect. Le respect de ce que je choisis, moi et pour moi. Je ne te demande pas de comprendre pourquoi je n’arrive pas à me sentir femme, si je suis né femme. Je comprends que c’est complexe, tout ce que je cherche, c’est un peu de respect. C’est ce que j’essaie de promouvoir sur ma chaine, ainsi qu’en tant que bénévole. J’encourage la cause LGBTQ+, malgré les commentaires déplacés à mon école, ou celle d’Oncle Tommy. Inconnu, je ne sais pas jusqu’à quel point j’arriverais à combattre cette douleur.  Je sais, je ne devrais pas, mais parfois, la douleur physique m’empêche de penser trop à celle qui me ronge depuis que je suis né. Je n’ai pas le bon corps, et je veux juste m’en débarrasser. Gwen, ma mère, fait de son mieux pour moi. Je veux juste pouvoir me voir dans un miroir, et me reconnaitre.

Inconnu, s’il te plait, fais attention à tes mots. Parfois, tu peux blesser, sans t’en rendre compte. Je suis née Alice, mais je suis Andreas. C’est tout. Je suis un homme. C’est tout ce que je veux.
Andreas. »

Andreas, 15 ans, 1 an après son coming-out.

« Cher Père,
Je n’enverrais jamais cette lettre. Je ne sais même pas pourquoi je te l’ai adressé, toi, la seule personne que je ne connaitrais jamais, qui m’a abandonné avant même que je ne naisse. Est-ce que tu sentais que j’allais être un amas de problèmes que tu as préféré fuir loin de tout ça? Où es-tu désormais? Est-ce que tu penses encore parfois à ma mère, à moi? Est-ce que tu sais seulement que tu as un enfant? Père. Je n’ai jamais appelé personne ainsi. Surtout pas toi. Tu n’es rien pour moi, rien. Parce que tu ne sauras jamais tout ce que j’ai vécu ni le mal que tu m’as fait. Tu ne sauras jamais que je souffre d’anxiété, que je suis transsexuel, que j’ai mal. Tu n’envoies que de l’argent parfois, comme pour montrer que tu es une bonne personne. Tu as peut-être payé mes soins pour mon cœur, je te promets que tu ne payeras rien de mon changement, d’ici quelques mois. Bientôt, j’irais me retirer les seins, et je t’assure que je n’utiliserais pas l’argent d’un inconnu.

Tu sais, j’ai grandi. J’ai 21 ans, désormais. 21 ans que je vis, que j’apprends à m’accepter, que je combats mes démons. Ça fait des années que je manifeste, que je participer à des marches LGBTQ+. Si tu allumes la télévision, tu me verras dans quelques films, tu me verras briller dans les conventions, les manifestations, les marches. Si tu prends ton ordinateur, tu me verras sur Youtube sourire, rire, raconter combien il est important de s’aimer. Je vais mieux, pas grâce à toi. Ni grâce à l’école. Pourtant, je suis encore là. Je vais à l’Université, en histoire. Je vais bientôt me faire opérer. Je ris. Parfois, je pleure encore. Parfois, je me fais mal jusqu’au sang. Parfois, les gens murmurent encore ce prénom mort, comme pour me rappeler un fantôme que j’essaie de fuir. J’ai 21 ans. Et je suis fier, papa.

Je suis fier d’avoir survécu des années dans le mauvais corps. Je suis fier d’avoir créé ma chaine Youtube, enfant peureux que je suis. Je suis fier d’avoir traversé mon adolescence en ayant peur de tout le monde. Je suis fier d’avoir rendu ma mère heureuse. Je suis fier d’avoir vaincu de mes traumatismes. Je suis fier d’avoir dénoncé mon agresseur à la police, il y a de ça à peine un mois. Je suis fier d’avoir survécu à mon cœur malade. Je suis fier d’avoir survécu à ton abandon. Je ne suis plus un enfant, papa. Je suis un adulte. Et j’essaie d’être la meilleure personne que je puisse être. Meilleur que toi, en tout qu’à.

Je me suis fait des amis. Des amis qui me respectent, qui m’aiment, qui font de leur mieux pour être là pour moi. Ils n’ont pas besoin de tous comprendre d’où je suis parti, ni le mal qui m’habite. Le principal, c’est que tous me respectent papa. Ils m’appellent Andreas. Ils m’achètent des jolis chandails de garçon. Et surtout, ils me laissent être celui que je veux. C’est tellement plus simple avec eux. Papa, je suis encore brisé. J’ai de la difficulté à aimer, et si Aya n’était pas là, j’aurais de la difficulté à sortir en société. Je suis brisé, c’est vrai. Mais lentement, jour après jour, j’apprends à m’aimer de nouveau. À prendre du temps pour moi.

Bientôt, je serais opéré. Bientôt, j’espère que mes cauchemars diminueront, comme le nombre de médicaments dont j’ai besoin. Bientôt, Oncle Tommy arrêtera de me faire pleurer. Bientôt, j’irais encore une fois rejoindre Daeja pour participer avec elle à une manifestation. Bientôt, j’irais rejoindre le cours de Tristan en m’amusant de son amour pour les squelettes. Bientôt, j’irais passer des heures à tenir compagnie à Fenrir, sans rien attendre en retour, car c’est aussi ça, des amis. Bientôt, j’irais à ma date avec Arsaëll en tremblant un peu, d’anticipation, de peur, que tout recommence. Mais j’irais.
Papa, tu ne le sauras jamais, mais je ne t’en veux plus. Je n’ai plus la force pour ça, papa. Je veux être libre. Je veux être heureux. C’est le choix que j’ai fait. Je sais que ça prendra encore des années, car le bonheur est la clé que tous humains cherchent, mais j’espère que je la trouverais. Et j’espère que tu trouveras, toi aussi, ton bonheur. Papa, on ne se verra jamais. On ne se croisera jamais. On serra à jamais de simples inconnus, un face à l’autre. Mais sache que tu as un fils. Un fils qui s’appelle Andreas. Et qui finira par trouver sa place, comme tout le monde. Avec des gens qui l’aiment.

Merci papa. Merci de m’avoir laissé vivre. Et maintenant, je me libère de toi. Ok? Et tout ira bien.
Tout finira par bien aller.
Andreas. »

Andreas, 21 ans, 7 ans après son coming-out.

Ça fait bizarre de te lire à la deuxième personne, mais ça te va bien. File vite faire la fiche de liens de ce petit coeur !

Bravo ! Tu fais à présent officiellement partie de nos petits membres ! Tu peux donc débuter ta petite aventure parmi nous. Mais avant toute chose, il va te falloir passer par quelques petites étapes.

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• Enfin n'hésite pas à faire un tour par le flood ou encore les jeux histoire de faire connaissance avec les autres petits membres. Tu peux aussi venir nous faire un petit coucou sur la chatbox si le coeur t'en dit ! Promis nous ne mordons (presque) pas!

Puisse ton aventure sur WOI être la meilleure de ta petite vie!

Hgjgdsg c'est parfait Pauvre petit Andreas tu l'as pas gâté argh File le jouer comme ça, je change ce qu'il y a à changer Toujours un plaisir de te lire

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