Il pose sa tasse à côté de lui en scrollant un peu plus le journal du Huldu. Vraiment, il se passe des choses folles, dans cette ville. Personne ne semble être à l’abri. En lisant les mots qui concernent Jake, sa gorge se serre et un faux mouvement lui fait envoyer son thé brûlant sur la pile de papiers qui trônait à côté de la tasse. « Merdeeeee ! » Quelques grands gestes inutiles plus tard, il a sauvé une grande partie des enveloppes, et les a toutes étalées sur le radiateur dans l’espoir qu’elles ne soient pas endommagées. C’est là qu’il se rend compte qu’aucun de ses colocataires n’a ouvert son courrier depuis un moment. Ils avaient commencé à l’entasser là des mois auparavant, et apparemment personne ne s’était motivé à regarder depuis. Il saisit du bout des doigts l’une des enveloppes à son nom, décorée d’un cachet qui a l’air drôlement officiel, et lève les yeux au ciel.
Il n’a pas vraiment besoin de l’ouvrir pour voir ce qu’elle dit, mais il le fait tout de même. Ce n’est pas la première, et ce ne sera pas la dernière. Il lui semble qu’il en ouvre depuis ses douze ans. Ses yeux parcourent les lignes en diagonale, et un petit rire lui échappe. Convocation au commissariat de police à destination de Mr Oskar Vakurson, appartement 4, pour le motif de soupçon de vol dans le centre commercial du centre-ville. Il réfléchit, un peu. Il est certain d’avoir évité les caméras de surveillance. Un employé de sécurité avait dû le voir. Ou alors ils étaient simplement partis du principe qu’il avait volé quelque chose. Ils n’avaient pas vraiment tort. Ses yeux se posent sur le livre sur les plantes médicinales de grossesse qui trône sur la table du salon et un petit sourire décore son visage.
Il roule la lettre en boule et réussit à atteindre la poubelle du premier coup. C’était un bon livre, selon ses recherches. Elle savait sans doute déjà tout, mais ça ne coûtait rien de se renseigner un peu plus, au cas où elle ne soit plus apte à préparer des tisanes elle-même. Il ne regrette rien. Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’il ira s’excuser à la police, de toute façon. Acab.
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Elias Solverson
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Emploi/études : Guichetier dans un cinéma d'art et d'essai
Célébrité : 5/10 (Grand timide adepte de la désinhibation médicamenteuse et dont le lourd secret a été révélé en Avril 2020)
Ca miaule sur le palier. Ca réveille presque Elias — ça ou son ventre qui gronde, peut-être. Ca miaule sur le palier, et c’est bien la première fois que ça arrive. Dans son petit appartement un peu miteux sous les toits, où il fait toujours sombre parce qu’il n’ouvre jamais les volets et où l’air est épais de cendres de cigarettes quandil n’a pas nettoyé depuis quelques semaines , Elias profite généralement d’un silence relatif. Il se lève d’un pas maladroit pour aller vérifier que rien de mal n’est arrivé au potentiel intrus.
Devant la porte, un panier en osier d’une qualité certaine sur lequel est posée une petite boîte — non, un plat en verre ? Sur le plat, une enveloppe qu’Elias ne reconnaît que trop bien. La boîte disparaît, le plat disparaît ; les miaulements furieux s’éloignent de sa conscience alors qu’il attrape le morceau de papier immaculé d’une main tremblante. Il doit s’asseoir, là, sur le paillasson de l’entrée, alors qu’il reconnaît son nom écrit dans une calligraphie impeccable qu’il ne connaît que trop bien.
“Elias, Je te confie Satan et Oblivion. Satan refuse de manger autre chose que du thon, si possible avec un peu de citron, mais surtout pas de sel. Pense à bien vérifier qu’il n’y a pas de liquide avec, il a tendance à manger vite et s’étouffer. Oblivion va sans doute dormir au dessus de tes meubles. Laisse le faire. Il n’en descendra que quand il en aura envie. Il miaule parfois, c’est assez désagréable, mais si c’est le cas c’est sans doute parce que tu chantes ou que tu écoutes de la musique. Il déteste la guitare. Laisse-les sortir s’ils le veulent, ce n’est pas vraiment des chats d’appartement, surtout Satan. Ils reviendront. Satan peut partir pendant plusieurs jours parfois, mais il revient toujours. Pour une raison que je ne comprends pas trop, il n’a toujours pas eu de portée. Peut être qu’il est homosexuel. Ne les opère pas. Laisse-les décider. Si jamais par hasard il avait une portée, j’espère que tu arriveras à le laisser décider quoi en faire. Je sais que tu ne pourras pas tuer des chatons, de toute façon. Si tu oublies de les nourrir ils te le rappelleront, ne t’en fais pas. Ils sont habitués à être tous seuls. Ils ont tendance à essayer de dormir sur les visages, mais je crois qu’ils ne veulent pas nos morts. Je crois. J’espère que tu pourras les aimer un petit peu, et je sais qu’ils te tiendront compagnie. Si ça ne va pas, ils viendront te voir. Je pense que ça peut te faire du bien. Je ne reviendrai pas.
Je te lie l’adresse à laquelle tu peux m’envoyer des lettres, mais elle va peut être changer, et je ne sais pas si je pourrais toujours en recevoir après. Je t’en écrirai – si tu ne reçois rien, c’est que je ne pouvais pas. Je rentre chez moi, même si ce n’est pas par la route idéale. Prend soin de toi – pour de vrai. Je ne pourrais plus vérifier que tu es sorti de ton lit, mais normalement on me tiendra au courant. Mange. Écris, même si ce n’est pas à moi. Je te laisse Guerre et Paix avec les chats, parce qu’ils sont habitués à dormir dessus. Si tu as huit mois à tuer, tu peux le lire. En mangeant, bien sûr. Merci d’avoir été là, et merci pour Satan et Oblivion. Désolé de ne pas avoir pu entrer.
Slán a fhágáil.”
Les larmes roulent sur les joues du jeune homme alors qu’il parcourt à nouveau le texte atroce, l’épitaphe de son meilleur ami qui s’en va pour toujours. Il savait qu’il partirait. Ils savaient tous les deux, alors que son nom était paru dans la Gazette le mois dernier, que ce n’était plus qu’une question de temps. Elias savait qu’il ne serait pas prêt, qu’il ne le serait jamais. Aujourd’hui, il a l’impression d’avoir gâché tout leur temps, et il regrette d’avoir regardé les jours passer sans rien y faire. Sans profiter des derniers instants de liberté de celui sans lequel il ne se rappelle plus avoir vécu.
Tout avait commencé comme ça. Par une lettre. Cela semble logique que tout finisse comme ça aussi. Tragique. Une ironie morbide qui noue la gorge et l’estomac du blond. La lettre se froisse dans sa main alors que celle-ci se serre incontrôlablement sous l’effet des sanglots qui agitent son corps. C’est injuste. Rien n’est juste. Il ne méritait pas de partir, d’être arraché à son travail, ses amis — ni, quoi qu’il en dise, à sa famille. Ou alors si, peut-être qu’il le méritait. Peut-être qu’il ne récolte que ce qu’il sème finalement. Mais les gens autour de lui ne méritent pas qu’on leur arrache quelqu’un comme lui. Quelqu’un de si important.
Il est seul maintenant. Son appartement lui semble encore plus mort qu’il ne l’a jamais été alors qu’il remarque les mégots et les cendres qui jonchent le plancher, les moutons de poussière qui s’emmêlent sous le lit, la toile d’araignée qui flotte dans une casserole laissée pour morte sur l’égouttoir. Il est seul et il est mort et il n’aura même plus les lettres pour lui donner envie de vivre un peu, de s’ouvrir un peu, de parler un peu. Il est seul et les chats miaulent. Il est seul, avec deux chats.
Qui sait depuis combien de temps ils attendent, entassés dans le panier. Le plat est froid. Avec un hoquet, le visage encore bouffi de tristesse, Elias se relève et dépose presque religieusement le plat et l’enveloppe sur sa petite table à manger. Il s’apprête à faire entrer les chats, restés dans leur panier dans l’embrasure de la porte, et puis il se ravise. Mécaniquement, il se dirige vers la seule et unique fenêtre qui perce les murs du studio. Elle proteste d’un grincement alors qu’il l’ouvre pour la première fois depuis Dieu sait quand, et les volets de reprendre le refrain en chœur. Un nuage de poussière s’échappe, Elias tousse. Il ne peut pas accueillir les chats dans un endroit aussi malsain. Qu’il choisisse d’y vivre, c’est une chose. Qu’il empoisonne les animaux adorés de son ami incarcéré, c’en est une autre.
“Donnez moi une seconde les enfants. Ca va aller. Tout va bien aller.”
Il ne sait pas s’il marmonne cela pour lui-même ou pour les bêtes à demi sauvages qui commencent à s’attaquer à leur prison. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il a une raison de rester hors du lit aujourd’hui. Il ne sera jamais Aodhan, mais pour lui il veut bien essayer de s’en approcher un peu.
Elle aurait bien aimé savoir bien écrire. Elle aurait pu avoir une belle écriture, avec des lettres bien rondes et bien droites et bien régulières, pour pouvoir écrire des jolies choses aussi bien que des choses moins jolies. Ou alors, elle aurait pu compenser en sachant écrire des grands mots, faire des phrases incroyables, poser des images splendides sur le papier blanc. Mais elle est née gauchère, Askja la sorcière, alors elle n’écrit pas bien ; et puis elle est née seule, et on n’apprend pas les beaux mots dans les encyclopédies on dirait. C’est pour ça qu’elle hésite, au moment de poser sa mine sur le papier. Si les mots ne vont pas, et s’ils sont mal écrits — et puis si elle ne sait pas quoi dire, ou si elle le dit mal ? Elle pourrait tout faire de travers, tout dire de travers, oh, ce ne serait pas la première fois.
Le silence est insupportable, pourtant. Il est là depuis quelques jours et elle s’enfonce dedans inexorablement. Il parlait peu, pourtant, mais son silence a laissé un vide immense. Elle doit dire quelque chose. Elle veut rompre le silence. S’ils ne se voient plus jamais, s’ils ne s’entendent plus jamais, s’ils ne se touchent plus jamais ; si c’est la dernière fois qu’elle doit penser à lui, elle aimerait pouvoir le faire bien. Elle aimerait que ce soit beau. Et si ça pouvait être aussi beau qu’ils l’ont été, alors ce serait parfait.
Elle a tellement de choses à lui dire. Elle pensait qu’ils auraient tout le temps du monde. Par où commencer ? D’une main distraite, elle caresse son ventre. Par la Petite Feuille ? Peut-être qu’il ne veut pas savoir. Peut-être que ce serait pire. Peut-être qu’elle le briserait. Par quoi, alors ? Le silence leur tenait lieu de discussion. On n’écrit pas le silence.
“Aodhan,
Je vais bien.”
Elle raye tout. Elle ne l’enverra pas.
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Daeja D. Orridóttir
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L’homme derrière le guichet hausse un sourcil, à la fois amusé et presque étonné de recevoir un courrier d’une telle taille pour un bled perdu au fin fond des plaines. Il faut dire que le carton est loin d’être petit. Qu’il est lourd, aussi. Il le scrute avec une certaine curiosité, alors que le bruit du tampon s’abat mollement sur la feuille de transport.
« Oh, laissez moi deviner ! C’est pour votre grand-mère c’est ça..? Greta..? - Palldottir. Et ouais. En quelque sorte. »
Tu laisses un rire échapper, un peu gêné. Tu n’aimes pas mentir. Tu n’aimes pas non plus la curiosité du cinquantenaire derrière le comptoire, même si tu te doutes bien qu’avoir un peu d’animation dans son travail mécanique est un luxe.
« Oh, y’a des trucs fragiles dedans. Je dois payer un supplément ? »
Une bouteille de vin, un panier garnis. Ça pèse lourd dans le carton. Des dessins, aussi. Ça pèse moins, mais c’est presque plus important que le reste. Après tout, Greta avait eu l’air fascinée par ton coup de crayon. Et s’il n’y a qu’une personne a qui est destiné le portrait que tu as fait d’elle en cachette, c’est probablement Greta elle même.
« Oh non, ça ira, on fera attention. Merci pour votre patience, tout est réglé. Bonne journée monsieur Ketillson ! »
Tu soupires de soulagement un peu. Voilà. C’est enfin fait. Ça te rend presque triste, un peu. Parce que tu as peur de ne jamais recevoir de réponse. Parce qu’entre les dessins, les boîtes de friandises et le vin, tu as glissé une lettre de remerciement. Parce que tu y as écris toute la reconnaissance et la sympathie que tu peux éprouver pour cette vieille dame au fin fond de la cambrousse. Il y a encore six mois, tu ne la connaissais pas. Tu n’avais même aucune conscience de son existence. Et pourtant, lorsque tu as quitté Reykjavik avec la colère et les larmes pour seule arme, que tu t’es enfoncé dans le territoire avec la volonté féroce de changer d’air, c’est elle que tu as rencontré. Son air strict qui se transforme bien trop vite en un sourire malicieux. Sa voix autoritaire qui t’as proposé - presque forcé serait le mot exact - de t’héberger lorsque ta voiture a décidé de produire une fumée inquiétante aux abords de Skogar.
Il y avait un deal étrange entre vous, qui s’est installé sans un mot, sans une parole. Ce qui devait être un coup de main d’une nuit de la part d’une étrangère, le temps qu’un réparateur vienne prendre ta caisse, c’est transformé en jour, semaine, à apprendre à se connaître, à discuter de vos vécus, de vos tristesses, de vos crèves coeurs. Elle en avait bavé, Greta. Elle en bavait toujours avec sa réputation féroce au milieu d’un village de campagne. Mais elle était forte, et c’était quelque chose que tu trouvais admirable. Et puis tu avais fini par partir pour le mariage de ton meilleur ami, et l’avalanche de remerciement que tu lui avais murmuré ne t’avais pas semblé suffir.
Alors tu y avais ajouté une lettre. Pas très longues, juste quelques mots. ”Merci pour tout. Rendez visite à Hinrik de ma part. Je retrouve bientôt le mien, souhaitez moi bonne chance.” C’était peut-être déplacé de demander à une vieille dame d’aller visiter la tombe de son ancien amant de sa part. Pourtant, après toutes les discussions que tu avais eu avec Greta, tu ne pouvais t’empêcher de trouver ta situation trop similaire à la sienne. Hinrik, trop ressemblant à Fenrir. La seule différence étant que Greta ne lui avait jamais pardonné. Et qu’elle le regrettait encore aujourd’hui, à près de 86 ans.
« Ne fais pas la même erreur que moi, petit ! Tu t’en mordras les doigts. »
Invité
06.05.20 11:43
Des lettres tu en as reçues plein, mais venant de ton père, tu n’as souvenir que d’une seule. Pourtant il a envoyé plusieurs lettres à l’adresse de ta mère, mais Mikael s’est empressé de les récupérer pour les cacher. Il voulait te protéger de la vérité, t’éviter de connaître ce père qui l’a rejeté et qui a poussé ta mère à fuir dans un autre pays. Seulement en agissant comme ça, ton frère n’a pas pensé que tu aurais créé l’image d’un père héroïque pendant ton enfance pour combler son absence et que depuis tu as du mal à faire la part des choses avec le vrai et ses actions horribles. Tu aurais tellement aimé pouvoir te prendre une bonne claque dans la tronche et enfin oublier ce héros que tu as imaginé aux quatre coins du monde pour sauver la terre en secret. Tu sais que c’est qu’un rêve, mais ce rêve d’enfant est ancré dans tes souvenirs et tu as du mal à l’effacer. Ton père est un fantôme et tu n’as toujours pas pris conscience qu’il existait vraiment et que ce n’était qu’un connard fini.
Du moins jusqu’au jour où en relevant le courrier du bar, tu es tombé sur cette lettre signée du nom de ton père. Tu te souviens être resté immobile un long moment avant de te reprendre et de retourner à l’intérieur. Tu n’as pas pris le temps de sortir le papier de l’enveloppe, tu as juste caché le papier dans la poche de ton manteau avant de te mettre au boulot. Tu n’étais pas prêt à ce moment pour affronter ce qu’il avait écrit. Tu t’es demandé pendant tout ton service comment il avait pu te retrouver alors qu’il passait son temps à envoyer les précédentes chez ta mère. Pourquoi avoir changé de méthode maintenant ? A-t-il vraiment envie de te retrouver ? De se rattraper pour ses erreurs passées ? Tant de questions ont tourné en boucle dans ton esprit alors que tu travaillais. Ce n’est qu’en terminant ton service, qu’en saluant ton collègue, que tu t’es décidé à voir le contenu de la lettre. Tu t’es dirigé vers un banc malgré la nuit bien avancée et tu as pris ton courage à deux mains pour ouvrir l’enveloppe et lire les quelques lignes écrites dessus.
« Je suis fier de ce que tu es devenu, Lukas. Un jour, peut-être, aurais-je le courage de venir te parler. En attendant, continue sur ta voie, tu ne dois pas perdre espoir. »
Tu n’as pas pu retenir tes larmes, pleurant en silence devant ces quelques mots qui t’ont touché plus que tu ne voudrais l’admettre. Bordel ! Comment peux-tu le voir comme un salaud après ce message ? Tu aimerais vraiment respecter la volonté de Mikael et l’oublier, mais une part de toi veut le retrouver encore et découvrir ce qu’il est devenu depuis tout ce temps. Ça fait plus de vingt ans que vous êtes partis avec ta mère pour vous installer par ici, peut-être a-t-il vraiment compris qu’il avait été un connard fini et qu’il veut se racheter ? Tu as tellement envie d’y croire, mais tu n’oses pas en parler à qui que ce soit pour le moment. Tu as besoin de temps pour digérer tout ça. Enfin tu te connais, l’instant où tu vas croiser Greg, tu lui diras tout, un sourire aux lèvres et des poses dramatiques à la pelle, car tu ne pourras rien lui cacher, à part peut-être à quel point ça t’a touché de lire ces quelques mots.
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Fenrir Úlrikson
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Avatar : Grant Gustin
A Reykjavik depuis : L'été 2013
Âge du perso : 26 ans
Emploi/études : Journaliste pour un journal local et tient un blog sur le paranormal
Célébrité : 5.5/10 (journaliste, très sociable, tient un blog relativement connu)
Tu as l'impression d'avoir déjà tout essayé. Les centaines d'appels auxquels il n'a jamais répondu. Les messages tellement nombreux qu'il a sûrement dû bloquer ton numéro. Les phrases sans aucun sens, parce que les larmes brouillaient trop ta vue ou bien parce que l'alcool mélangeait tout dans ta tête. Tu l'as crié aussi. Dans tes rêves ou à ta fenêtre. Tu l'as crié à Drake, comme s'il y pouvait quelque chose, tu l'as crié dans le vide de ta chambre. Tu l'as pensé, tout le temps, et tu le penses encore. Tu l'as dit aussi, la voix si faible que l'autre n'entendait pas vraiment. Tu l'as dit à qui voulait bien t'écouter. Tu le voulais tellement, qu'il revienne.
Mais les jours passent, et il n'est toujours pas revenu. Alors, tu as arrêté de le dire. Parce que tu réalises que tes collègues n'en ont certainement rien à faire de savoir qu'il te manque. Tu as arrêté de le crier aussi, parce que tes voisins ont en marre de savoir qu'il n'est toujours pas rentré. Tu as même fini par abandonner ton téléphone dans un coin du salon. Tu ne veux pas de nouvelles des autres et tu ne veux pas en donner non plus. Puisque lui ne te répond pas, alors le téléphone ne sert à rien.
Il y a quelque chose que tu n'as pas encore essayé pourtant. C'est de l'écrire. Tu te sens un peu bête, assis à la table de la cuisine, le papier vide devant toi et le stylo à la main. C'est presque triste pour un journaliste d'être à court de mots. Tu n'aurais pas dû boire ce verre de trop, encore, parce que maintenant, tu es perdu. La douleur s'habitue à l'alcool il faut croire, parce que maintenant, tu as mal même lorsque tu n'es pas sobre. Tu as envie de lui dire mille choses, de lui parler de tous tes regrets et d'à quel point tu te détestes. Finalement, ton écriture douteuse ne rédige que quelques mots à peine. "Sören, Reviens. Je t'aime."
Il n'y a que ça qui compte. Pas toutes les déclarations que tu as pu lui faire. Pas toutes les excuses désespérées. Pas même la haine à ton égard. La seule chose qui compte, c'est que tu ne sais plus comment vivre sans lui. Tu plies le papier, tu le glisses dans l'enveloppe.
Tu ne l'enverras pas. Parce que Sören n'est pas là. Parce que tu ne sais pas où il est. Parce qu'il ne veut plus de toi. Parce que, peut-être, il ne reviendra jamais.
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