Il a mal au ventre, quand il se réveille. Pas à la tête, au ventre. C’est plutôt rare, ça. Assez rare pour être remarqué. Alors il grogne, et quelque chose cloche avec sa voix. Il est malade. C’est bien sa veine. Il était censé rejoindre le gang. Sortant de son lit lentement, il garde les yeux à moitié fermé en se traînant jusqu’à la salle de bain, en buvant un café, en scrollant ses notifications. Puis vient l’heure de s’habiller. Il a pris du poids, apparemment – son pantalon n’arrive pas à remonter sur sa taille. Il lui semblait qu’il était dans l’incapacité physique de prendre du poids, pourtant. Alors il fronce les sourcils en retirant son t shirt pour en trouver un autre.

La première chose qui l’étonne n’est pas la masse de cheveux blonds bien plus opulente qu’avant qui lui tombe devant les yeux quand il fait passer son haut au dessus de sa tête, pourtant. Ce qui l’étonne vraiment, c’est plus les deux bosses qui semblent avoir poussé sur son torse, et qui ont pourtant l’air d’y avoir leur place. Ca ressemble affreusement à une poitrine, à bien y réfléchir. Il soupire et frotte ses yeux en essayant de chasser les traces de drogue de son système. C’est tout de même une hallucination très réaliste. Et quand il les rouvre, il est devant un miroir.

Il ne sait pas combien de temps il passe, immobile, à se regarder. Trop longtemps, sans doute. Ses yeux finissent par se poser sur sa poitrine, et il n’arrive pas à les détacher. Belle. Il est belle. Une fois le choc passé, c’est tout ce qu’il parvient à se dire, et un grand sourire vient percer son visage. « ROGER. IL ME FAUT UNE ROBE ET DES TALONS ET DES BAS RESILLES. JE SORS. » Il aimerait bien sortir tout nu, mais il risque de se faire arrêter, et ses papiers ne sont plus vraiment en ordre, du coup. Tant pis. Une robe courte fera l’affaire. Il faudra appeler Carmen pour qu’elle le maquille, et prévenir les copains. Ce soir sera une grande soirée. S’il n’arrive pas à emmener dix personnes dans son lit, c’est que le monde ne tourne plus rond.

Mais alors qu’il passe une main dans ses cheveux en se demandant s’il va devoir penser à se coiffer pour la première fois de sa vie, une douleur le fait se plier en deux, comme si on lui avait mis un coup de poing dans le ventre, et il gémit un peu. C’est étrange. Il n’a pas faim, pourtant. Il n’a pas fait si gros que ça hier soir. Il n’est visiblement pas malade. Pourtant, il a la distincte impression qu’il va mourir. « Qu’est ce que c’est que … » Ses yeux se rouvrent pour se poser sur son pantalon. Il y a une tâche qui n’était pas là quand il l’a enfilé, il lui semble. Alors il l’enlève, et il fronce les sourcils. Du sang. C’est du sang. Et la douleur revient. « … ROGER. Laisse tomber la robe, je voudrai une glace. Et une bouillotte. Et des mouchoirs pour pleurer. » Il se traîne jusqu’à son lit en gémissant, et se laisse tomber dedans pour s’enrouler dans sa couette. Il va mourir, alors. C’est bien sa veine.

Tu grognes en sentant la main de ton colocataire sur ton torse à un endroit qui te dérange ce matin. Vous dormez ensemble encore une fois, vous avez pris l’habitude de le faire depuis votre premier appartement dans lequel vous partagiez un lit gonflable, faute de pouvoir investir dans deux lits ou même un lit correct. « Bouge ta main de là ! » Tu n’attends pas que Marco se réveille, tu attrapes sa main, prêt à la virer, avant de te figer. Il te faut quelques secondes pour réaliser ce qui se passe. Ton torse, normalement aussi plat qu’une planche à pain, se voit maintenant lotti de deux magnifiques seins.
Wah.

Tu te redresses brusquement, manquant de donner un coup de coude à ton ami de toujours qui semble encore bien endormi. C’est bien un vampire celui-là, dès que le soleil montre le bout de son nez il préfère rester dormir. Enfin tu te plains pas puisque tu es toi-même plutôt un oiseau de nuit, mais avec le boulot tu n’as pas le choix, tu dois te lever en journée aussi. Tu bondis du lit, te dirigeant vers le miroir de plein pied qui trône dans un coin. Tu peux enfin admirer les traits adoucis de ton visage, les courbes qui se dessinent sous ton haut trois fois trop grand. Oui, tu es bel et bien une femme aujourd’hui. Tu n’as même pas besoin de vérifier dans ton boxer, tu le sens. Et puis ce n’est pas vraiment ce qui t’intéresse tout de suite, tu as une toute autre idée en tête à l’instant.

« MARCO ! MARCOOOO ! » Tu reviens sur le lit, sautant dessus pour venir secouer ton meilleur ami. « Faut qu’on aille faire les boutiques ! J’veux essayer toute la lingerie possible ! Et puis les robes et les jupes ! J’ai des courbes à mettre en valeur ! » Tu as déjà plein de tenues en tête, tu t’imagines portant les plus belles robes et ce sans te faire juger par certaines personnes encore trop coincées pour accepter qu’un homme puisse porter des jupes. Oh tu n’as pas honte de mettre ce qui te fait plaisir, mais c’est tout de suite plus agréable sans les regards noirs des autres. « Oh, mais attends, ça veut dire que j’ai accès à de nouvelles sensations de plaisir aussi. Hmmm, faut que j’en parle à Kalmar. Mais avant ça, debout ! Enfile ton scaphandre, on sort faire les boutiques, j’ai besoin de nouveaux fringues, immédiatement ! » Tu es prêt à faire toutes les boutiques de la ville s’il le faut !